9:864 d'inepte ou iette a la volee, on desborde, ce n'est pas une vertu commune ou vulgaire. Ie dy cecy a propos des dialogues presens: desquelz on peut tellement recueillir instruction bonne et solide, que cependant on aura occasion de rire. Car la matiere de soy est ioyeuse, et est deduicte avec telle grace, qu'il ne se peut faire qu'on ne prenne grand plaisir a la lecture. Nostre frere et compaignon en l'oeuvre du seigneur Iesus, Pierre Viret, qui en est l'autheur, a de nature la vertu que i'ay dict estre requise en un homme qui s'en veut mesler. Il est bien vray que, comme en toutes autres choses, il s'est applique a meilleure estude et d'autre importance: aussi en ces dialogues sa principale intention n'est pas de delecter et resiouyr les oreilles. Et de-faict ce seroit un labeur trop maigre, et une peine mal employee a un homme de tel esprit et savoir. Davantage, outre les dons qu'il a de Dieu, il est appelle a une vocation plus haute. Mais d'autant que le subiect qu'il a entreprins de traicter portoit qu'il enseignast comme en s'esbatant et par forme de risee, il a pretendu a la doctrine, comme a son droit but, meslant cependant avec icelle les faceties, comme un accessoire. Voire en sorte que ce livre est tesmoing suffisant qu'il a une dexterite singuliere a ce faire, autant qu'il s'y veut mettre: c'est a dire, autant qu'il convient et que mestier est. Ie say que c'est chose dangereuse, et qu'on ne doit pas faire a la volee, que d'approuver un livre. Mais ie ne crains pas d'avoir aucune reproche entre gens de bon esprit et sain iugement, d'avoir recommande la lecture de ce livre, comme d'un livre auquel le temps sera bien employe. Ie n'aurois que faire d'en rendre tesmoignage, ny d'en parler entre ceux qui congnoistroyent l'homme. Car ceste seule congnoissance suffiroit pour les asseurer qu'ilz ne pourroyent faillir de s'y mettre. Mais pource qu'il pourroit estre qu'aucuns, par faute d'advertissement, ne tiendroyent conte d'es-