23:683 QUATRE SERMONS SUR LA IUSTIFICATION. PREMIER SERMON DE LA IUSTIFICATION: AUQUEL EST TRAITTE QU'EST-CE QUE FOY OU CROIRE, REPUTER ET IUSTICE. Genese Chap. 15. 4. Le Seigneur donna la parole a Abram, Gestuy-cy ne sera point ton heritier, mais celuy qui sortira de ton ventre, te sera heritier. 5. Et le tim hors, et luy dit: Regarde maintenant le ciel, et conte les estoilles si tu peux: et luy dit: Ainsi sera ta semence. 6. Abram creut a Dieu, et il luy reputa a iustice. Nous vismes hier qu'Abram se complaignant a Dieu qu'il n'avoit point d'enfant qui peust estre son heritier, ne vaguoit point hors de la promesse: comme beaucoup de gens voudroyent assuiettir Dieu a leur appetit, et murmurent sinon qu'en tout et partout il leur complaise. Or Abram ne s'est pas ainsi lasche la bride, ce luy a este assez de sentir que Dieu luy estoit propice, et qu'il estoit sous sa garde et a la vie et a la mort. Il n'a rien souhaite plus outre: mais seulement il a regarde quel seroit le moyen [pag. 99] d'accomplir la promesse. Or il falloit qu'il eust le Redempteur promis: et voila pourquoy ce desir si ardent est en luy d'avoir lignee: ce n'est pas comme nous avons traitte, au regard du monde, mais pour ce qu'il ne povoit estre autrement resolu et persuade de la faveur paternelle de Dieu. Et ceci est mieux conferme par la promesse que Dieu luy donne: car du premier coup il luy ottroye sa demande, et mesmes il le redargue de ce qu'il a doute, veu que desia la parole luy avoit este donnee. Non, dit-il, (Cestuycy ne sera point ton heritier, mais celuy qui sortira de ton ventre). Vray est que Dieu quelque fois accordera bien des regrets* que les hommes luy feront inconsiderement : mais icy nous voyons que Dieu avoue le souhait de son serviteur Abram. Et non sans cause, car il ne demandoit sinon que