21:51 51 II. THEODORE DE BESZE AU LECTEUR CHRESTIEN, salut et paix en nostre Seigneur.1) S'il eust pleu a Dieu nous garder plus long temps son fidele serviteur M. Iean Calvin, ou plustost si la perversite du monde n'eust esmeu le Seigneur de le retirer si tost a soy, ce ne seroit ici le dernier de ses travaux, esquels il s'est tant fidelement et tant heureusement employe pour l'avancement de la gloire d'iceluy et pour l'edification de l'Eglise. Et mesmes maintenant ce Commentaire ne sortiroit point sans estre comme couronne de quelque excellente preface, ainsi que les autres. Mais il luy en prend comme aux povres orphelins, qui sont moins avantagez que leurs freres, d'autant que leur pere est failli trop tost. Cependant ie voy cest orphelin sorti de si bonne maison, graces a Dieu, et si fort representant son pere, que sans autre tesmoignage il se rendra soy-mesmes non seulement agreable, mais aussi treshonorable a tous ceux qui le verront. Et pourtant aussi ce n'a pas este mon intention de le recommander par ce mien tesmoignage (car quel besoin en est-il?), mais plustost de me lamenter avec luy de la mort de celuy qui nous a este un commun pere, et a luy et a moy: pource que ie ne le puis ne doy moins estimer mon pere en ce que Dieu m'a enseigne par luy, que ce livre et tant d'autres, d'avoir este escrits par luy-mesmes. Ie me lamenteray donc, mais ce ne sera sans consolation. Car ayant esgard a celuy duquel ie parle, ie Pauroye trop peu aime vivant ici bas, si la felicite en laquelle il est maintenant recueilli, ne changeoit la tristesse de ma perte en esiouissance de son gain : et auroye mal fait mon proffit de sa doctrine tant 1) Nous mettons dans le texte la signature des feuillets, et en marge les pages de la premiere redaction, ed. in-8u, ainsi que les variantes du texte de M. Franklin, en tant que nous pouvons supposer gu'elles proviennent de son original de 1657.