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BRIEVE
INSTRUCTION
100
tenant
de
monstrer
par
bonnes
raisons
et
tesmoignages
de
l'Escriture,
comment
un
Chrestien
peut
licitement
iurer
sans
offenser
Dieu.
Or
ie
proteste
encore
icy
derechef,
ce
que
i'ay
dict
au
paravant:
assavoir
que
ie
n'entens
pas
lascher
la
bride
au
monde,
pour
Tinduire
a
abuser
du
nom
de
Dieu,
en
faisant
sermens
volages
et
temeraires.
Ie
say
que
c'est
un
vice
qui
n'est
que
trop
commun:
et
pourtant
qu'il
faudroit
plustost
adviser
de
le
reprimer,
que
de
l'augmenter.
Ie
say
aussi
que
ce
n'est
pas
petite
faute,
que
de
prendre
le
Nom
de
Dieu
en
vain,
et
que
d'autant
plus
devons
nous
travailler
a
empecher
un
tel
mal
par
tous
moyens.
Mais
quoy?
De
condamner
ce
qui
est
bon,
pour
empecher
l'abus,
ce
n'est
pas
bonne
facon
de
proceder.
Parquoy,
quand
ie
dy
qu'il
est
licite
en
quelque
cas
a
l'homme
Chrestien
de
iurer,
que
chacun
soit
adverty,
que
ie
parle
du
droit
usage,
lequel
est
conioinct
avec
crainte
et
reverence
du
nom
de
Dieu,
et
que
nul
ne
prenne
occasion
de
mes
parolles,
de
se
desborder
a
faire
sermens
vains
ou
superflus,
ou
autrement
vicieux.
Et
pour
en
definir
plus
apertement,
quand
ie
dy
qu'un
homme
Chrestien
peut
iurer
sans
offense,
[page
103]
i'entens
pour
le
premier,
quand
il
est
question
de
rendre
tesmoignage
a
la
verite.
Secondement,
si
c'est
l'affairel)
qui
le
merite:
laquelle
consideration
se
doit
rapporter
a
l'honneur
de
Dieu
et
a
l'amour
de
nostre
prochain.
C'est
a
dire
qu'il
soit
expedient
et
profitable
de
iurer,
tant
pour
l'honneur
de
Dieu
que
pour
garder
charite
entre
nous.
Tiercement,
que
la
necessite
le
requiere:
c'est
a
dire
qu'il
soit
besoing
d'user
de
telle
confirmation.
Quartement,
que
la
deliberation
et
la
fin
de
celuy
qui
iure
soit
telle.
Finalement,
qu'il
y
procede
en
crainte,
ayant
soing
et
affection
de
sanctifier
le
nom
de
Dieu.
En
tel
cas,
et
non
autrement,
ie
dy
que
l'usage
du
serment
est
permis
aux
Chrestiens.
Si
quelque
gaudisseur
en
abuse,
ce
sera
a
sa
condamnation.
Pour
confirmation
donc
de
mon
dire,
i'allegue
le
commandement
de
Dieu,
auquel
ie
m'arreste.
C'est
qu'il
a
ordonne
et
voulu
qu'on
iurast
par
son
nom,
quand
il
y
auroit
cause
legitime.
De
la
ie
conclus,
que
ce
ne
peut
estre
chose
simple
et
de
soy
mauvaise,
que
iurer.
Car
il
ne
se
peut
faire,
que
ce
qui
est
mauvais
plaise
iamais
a
Dieu.
Qui
plus
est,
d'autant
que
c'est
une
espece
de
l'hommage
que
rendent
les
fideles
a
Dieu,
comme
il
le
demonstre
souvent
[page
104]
par
les
Prophetes:
de
dire
que
c'est
vice
et
peche,
c'est
trop
apertement
resister
a
la
verite.
La
raison
y
est
quant
et
quant.
C'est
que
souvent
il
est
expedient
que
la
verite,
qui
autrement
est
douteuse,2)
soit
confermee:
1)
si
c'est
affaire
1566
suiv.
(si
operae
pretium
est).
2)
lateret
atque
in
dubio
esset.
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