35:97 97 IOB CHAP. XXXIII. 98 quelque esperance, et qui fait que nous recourons a Dieu pour y avoir nostre refuge? N'est-ce pas luy qui nous illumine en la foy? Ainsi donc ce n'est point sans cause qu'Eliu adiouste, Que Dieu a trouve reconciliation. Et pourquoy? Quand il nous afflige, desia il nous prepare pour recevoir la grace qu'il nous veut faire: car cependant que nous sommes enflez d'orgueil, la bonte de Dieu n'a point d'entree en nous: cependant que nous sommes endurcis en nos pechez, nous repoussons ceste gracela bien loin: cependant que nous sommes confits en nos ordures, il est certain que nous ne pouvons gouster que c'est de ceste reconciliation qui a este faite par nostre Seigneur Iesus Christ. Il faut donc que Dieu besongne ici, et que l'ouvrage soit sien. Et comment est-ce qu'il y besongne? En premier lieu quand il nous amene a la cognoissance de nos pechez par tant de remords qu'il nous donne: comme il a este dit cy dessus, qu'il nous envoye des effrois la dedans, comme s'il sonnoit une trompette pour nous adiourner devant son iugement. Voila donc comme Dieu par inspirations secretes nous appelle a soy quand il voit que nous en sommes esgarez et distraits. Et puis, il nous ordonne gens qui nous admonnestent, qui nous redarguent. Et voila encores un grand bien, quand nous avons de bons docteurs et fideles, qui nous remonstrent nos pechez au vif, qui nous menacent de la perdition eternelle. Au reste, si cela ne suffit (comme nous voyons que nous sommes tant durs a l'esperon, qu'il faut que Dieu nous pieque et nous poigne plus asprement) il adiouste des corrections de sa main, et il nous afflige. Et voila comme il nous faut faire profiter les corrections, afin que nous ne soyons point comme des enclumes pour repousser les coups. Mais encores c'est luy qui pour ce faire nous donne des coeurs de chair, et nous amollist ceste durete qui est en nostre maudite nature. Et bien, Dieu a-il fait valoir ses corrections? Alors c'est le temps oportun de nous manifester sa misericorde, et nous 1a faire gouster. Ainsi donc nous voyons bien que c'est luy qui trouve reconciliation, que nous ne pouvons pas anticiper de nostre coste, et mesmes nous ne faisons que reculer de luy. Quand Dieu nous instruit, ou en sommes-nous? Et s'il nous laisse la, ne sommes-nous pas comme enyvrez en nos cupiditez sans iamais penser a luy? Mais encores qu'il nous envoye des bonnes remonstrances, et que nous soyons convaincus de nostre mal: si est-ce que nous taschons d'ensevelir le tout, afin qu'on n'en voye rien. Les autres grinceront les dents et se despiteront quand on leur remonstre leurs iniquitez, tellement que tant s'en faut qu'ils puissent souffrir cela, qu'il n'est question que de mordre et de re- Calvini opera. Vol. XXXV.