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PAR
NICOLAS
COLLADON.
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sa
devise.
A
la
fin
donques
il
demeura
tout
a
plat,
ayant
bien
l'usage
de
parler,
mais
ne
pouvant
pas
bien
poursuivre
un
propos
longuement,
a
cause
de
sa
courte
halaine:
mais
encore
ne
cessoit-ii
de
travailler
pour
parachever
les
ouvrages
par
luy
commencez
auparavant,
ainsi
qu'il
a
este
dit.
Outre
cela,
il
ne
s'espargnoit
aux
affaires
des
Eglises,
respondant
et
de
bouche
et
par
escrit
quand
il
en
estoit
besoin:
encores
que
de
nostre
part
nous
lui
fissions
remonstrances
d'avoir
plus
d'esgard
a
soy.
Mais
sa
replique
ordinaire
estoit,
qu'il
ne
faisoit
comme
rien,
que
nous
souffrissions
que
Dieu
le
trouvast
tousiours
veillant
et
travaillant
a
son
oeuvre
comme
il
pourroit,
iusques
au
dernier
souspir.
Le
Vendredi
10
de
Mars
il
fut
visite
apres
disner
par
aucuns
des
freres
Ministres
de
ceste
Eglise,
les
uns
demeurans
en
la
ville,
les
autres
aux
champs.
Ils
le
trouverent
vestu
et
assis
en
sa
chaire
aupres
de
sa
table,
et
furent
tous
biens
esbahis,
le
voyans
merveilleusement
presse
de
sa
courte
halaine.
De
sa
part
aussi,
il
fut
quelque
temps
avant
que
leur
rien
dire,
appuyant
son
front
sur
une
de
ses
mains,
comme
de
tout
temps
il
avoit
ceste
facon
assez
commune.
A
la
parfin
se
redressant
et
leur
monstrant
un
visage
doux,
il
les
remercia
en
peu
de
paroles
de
leur
visite
et
de
la
peine
qu'ils
avoyent
pour
luy:
et
leur
dit
qu'il
esperoit
voir
toute
la
compagnie
de
la
a
quinze
iours,
qui
estoit
le
iour
assigne
pour
les
Censures
avant
Pasques:
et
que
ce
seroit
pour
la
derniere
fois.
Car
(disoit-il)
i'espere
que
lors
Dieu
declairera
ce
qu'il
veut
faire
de
moy:
ie
croy
que
ce
sera
ma
fin,
et
que
lors
il
me
retirera.
Le
Vendredi
24
dudit
mois,
il
se
trouva
beaucoup
mieux,
et
furent
tous
les
freres
assemblez
en
sa
chambre
pour
les
Censures,
lesquelles
(comme
c'avoit
tousiours
este
la
coustume)
il
prononca
a
chacun
la
sienne
par
ordre,
suivant
l'advis
des
freres,
ayant
premierement
luy-mesme
este
censure
par
la
compagnie.
Les
Censures
achevees
en
deux
heures
et
demie
ou
environ,
il
declaira
aux
freres
qu'il
sentoit
bien
que
Dieu
luy
avoit
encores
un
peu
prolonge
son
terme,
et
iusques
a
une
autre
fois.
Il
leur
communiqua
aussi
quelques
doutes
qu'il
faisoit
sur
des
Annotations
mises
en
marge
du
Nouveau
Testament,
lesquelles
[g
8]
il
revoyoit.
Et
lors
ayant
demande
ses
papiers,
et
les
prenant
luy-mesme,
en
leut
a
la
compagnie
des
freres
plusieurs
endroits
bien
au
long,
les
priant
de
luy
en
dire
leur
advis,
ce
qu'aussi
ils
firent.
Or
on
s'appercevoit
bien
qu'en
lisant
il
s'alteroit:
mais
pource
qu'il
prenoit
plaisir
a
en
deviser,
*)
nul
des
freres
n'osoit
le
prier
qu'il
se
deportast
de
lire,
d'autant
qu'on
craignoit
de
le
fascher.
Toutesfois
1)
discourir
F.
Calvini
opera.
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