46:966 ainsi non sans cause ce mot est adiouste que la paix est donnee aux hommes: non pas pour aucun merite, non pas qu'ils l'ayent acquise, mais par le bon plaisir de Dieu. Car le mot dont use S. Luc emporte cela qu'il ne faut chercher autre raison, pourquoy nostre Seigneur Iesus Christ nous est apparu, sinon d'autant que Dieu a eu pitie et compassion de nos miseres. Comme aussi il est dit au troisieme chapitre de S. Iehan C. 16. que Dieu a tant aime le monde qu'il n'a point espargne son propre Fils, mais l'a livre a la mort pour nous. Apprenons doncques de venir a nostre Seigneur Iesus Christ en telle sorte: c'est ascavoir que le message qui est yci publie par les Anges, nous soit comme une lampe ardente pour nous monstrer le chemin, que la foy nous conduise, et que nous scachions qu'il est maintenant Dieu en nous, d'autant qu'il est Dieu avec nous. Il s'est declare nostre Dieu avec nous quand il a voulu habiter en nostre nature humaine comme en son temple: mais maintenant il est Dieu en nous, c'est a dire que nous le sentons conioint a nous en plus grande vertu que quand il s'est monstre et declare homme mortel. Mesmes il est et Dieu et homme en nous. Car premierement par la vertu de son sainct Esprit il nous vivifie: et puis il est homme en nous d'autant qu'il nous fait participans du sacrifice qu'il a offert pour nostre salut, et nous declare que non sans cause il a prononce que sa chair estoit vrayement viande, et son sang estoit vrayement bruvage. Et voyla pourquoy aussi la saincte table nous est apprestee, c'est ascavoir afin que nous cognoissions que nostre Seigneur Iesus estant descendu yci bas et s'estant aneanti du tout, n'est pas pourtant separe d'avec nous, quand il est monte en sa gloire des cieux: mais que plustost c'est a ceste condition que nous soyons participans de son corps et de son sang. Et pourquoy? Car nous scavons que sa iustice et son obeissance est la satisfaction de nos pechez, et qu'il a appaise l'ire de Dieu par le sacrifice qu'il a offert de son corps et de son sang en ceste humanite qu'il a prinse de nous. Puis qu'ainsi est donc, que nous ne doutions point, quand Iesus Christ nous convie a ceste table, combien que nous n'appercevions que du pain et du vin, que vrayement ii n'habite en nous, et que nous ne soyons tellement conioints a luy qu'il n'ha rien de propre qu'il ne nous vueille communiquer. Que nous cognoissions, di-ie, cela afin de scavoir faire nostre profit de ce Sacrement qui nous a este establi par luy: et que toutesfois et quantes que nous avons a le recevoir, nous scachions que Dieu nous eust bien delivrez de l'abysme de condamnation auquel nous estions par un autre moyen s'il eust voulu: mais qu'il nous a voulu donner plus d'asseurance de l'amour qu'il nous porte quand nous avons Iesus 61*