46:963 963 SERMON 964 vrage de Dieu, lequel a marque son Fils unique, afin qu'on le pust recevoir sans aucune doute comme celuy qui avoit este promis. Vray est qu'il y a bien eu occasion de faire venir Ioseph en Bethlehem, c'est ascavoir l'edict publie de la part de l'Empereur Romain: mais d'amener la une femme enceinte et a son terme, il est certain que cela ne s'est point gouverne par Phomme et que Dieu y a besongne. Et mesmes nous voyons comme Dieu use de facons estranges pour accomplir sa volonte. Car cest edict de Cesar qu'einportoit-il sinon une suietion tyrannique, qu'il faloit que le peuple des Iuifs fust lors taille, qu'il y eust tribut sur chacune personne: qui estoit pour leur monstrer qu'il ne faloit plus qu'ils attendissent aucune liberte. Iesus Christ estoit promis pour delivrer les Iuifs et tous fideles de la suietion de Satan et de toute tyrannie: il semble que cest edict soit pour clorre la porte, que iamais Dieu n'accomplisse ce qu'il avoit promis a son peuple: et toutesfois c'est le moyen de l'accomplir. Car quand Ioseph et Marie vienent comme povres gens asservis a un tyran, a un payen et incredule, voyla comme Iesus Christ est nay en Bethlehem, la Prophetie se monstre estre veritable. Et Dieu (comme i'ay dit) baille yci plene certitude a tous les siens qu'il ne faut pas qu'ils doutent de la naissance de nostre Seigneur Iesus Christ. Voyla donc comme il faut appliquer a nostre usage et instruction les choses qui nous sont yci recitees. Car ce n'a pas este l'intention de S. Luc, ou plustost du S. Esprit qui a parle par sa bouche, de nous escrire simplement une histoire de ce qui estoit advenu: mais il nous a yci exprime d'un coste comme le Fils de Dieu ne s'est point espargne pour nous, et puis de l'autre comme il a apporte tesmoignage infalible qu'il estoit le Redempteur, afin qu'on le recoyve pour tel. Or cependant avisons de faire nostre profit de ceste histoire, tellement que noue puissions accorder au cantique des Anges en glorifiant Dieu, et recevoir ainsi ce qu'il nous donne yci pour esiouissance de nos ames. En premier lieu l'Ange dit (ascavoir celuy qui a porte le message aux bergers), Ne cvaigne# point, ie vous annonce une grande ioye. Et puis il y a ce tesmoignage commun de toute l'armee que Dieu envoye, Paix en terre aux hommes. Voyla donc ce que nous avons a retenir en premier lieu, c'est que nous cherchions nostre ioye en Iesus Christ. Car de fait, quand nous aurions toutes delices et voluptez, il ne seroit question que de nous baigner en tous plaisirs: si est-ce que si nous ne sommes par trop endormis, voire stupides du tout, nostre conscience n'aura iamais repos: nous serons tormentez sans fin et sans cesse : ce ver (dont parle l'Escriture) nous rongera, nous serons redarguez de nos pechez, et nous sentirons qu'a bon droict Dieu