46:949 949 DE LA PASSION. 950 gent a luy, cognoissans qu'ils ne sont rien, afin de chercher tout leur bien en luy seul. Voyla donc pourquoy l'Ange dit, Vous, ne craignes point. Ce mot la est bien a, noter: car c'est autant comme s'il disoit, Ie laisse ceste canaille en sa confusion, car elle n'est pas digne d'aucun merci: mais ie m'addresse a vous et vous apporte message de ioye. Que v.ous soyez donc delivrez de ceste crainte, d'autant que vous cherchez Iesus Christ. Or voyans cela, apprenons de chercher nostre Seigneur Iesus, non pas (comme i'ay dit) en telle rudesse comme ces femmes desquelles il est yci parle (comme aussi il n'y a plus nulle occasion de l'aller chercher au sepulchre), mais que par foy nous venions droit a luy et sans feintise. Et en ce faisant scachons que ce message nous appartient et s'addresse a nous: qu'il nous faut venir hardiment et sans crainte, non pas avec un mespris (car il faut que nous soyons touchez de frayeur pour adorer la maieste de Dieu): mais quoy qu'il en soit, que nous ne soyons point effarouchez comme si nous estions accablez du tout de desfiance. Cognoissons donc que le Fils de Dieu se conformera a nostre portee quand nous viendrons a luy par foy: et mesmes que nous trouverons de quoy nous consoler et esiouir, d'autant que c'est pour nostre profit et salut qu'il a acquis la seigneurie et principaute de vie celeste. "Or il y a cependant toutesfois que les femmes s^en sont allees avec grand7 ioye et grand' crainte. Voyci encores l'infirmite de leur foy qui se demonstre. I'ay dit que la fin ou Iles aspiroyent estoit bonne, mais elles ne tenoyent pas le droit chemin, comme nous l'appercevons en ce qu'elles sont craintives, et qu'elles ne se peuvent recueillir ni resoudre pour estre assurees de la Resurrection. Et neantmoins elles en avoyent ouy plusieurs fois parler: mais elles ne peuvent toutesfois gaigner sur leurs affections de faire une conclusion certaine, qu'il n'est plus question de chercher nostre Seigneur Iesus au sepulchre. Voyla donc d'ou vient ceste crainte. Ainsi nous voyons que c'est une affection vicieuse. Il est vray (comme i'ay touche) qu'il nous faut craindre Dieu, pour porter reverence a sa maieste, pour luy obeir et pour estre du tout abbatus, afin qu'il soit exalte en sa gloire, pour tenir toute bouche close, afin qu'il soit recognu seul iuste, sage et tout puissant. Mais ceste crainte dont il est fait yci mention en second lieu est mauvaise et a, condamner: car elle se prend pour la confusion que ces povres femmes ont: c'est qu'encores qu'elles voyent et oyent parler l'Ange, il leur-semble quasi que c'est un songe. Or par cela nous sommes advertis que Dieu besongne en nous souventesfois tellement que nous n'appercevons point quasi si nous avons proufite ou non. Car il