46:932 graces de son sainct Esprit sur ces povres gens, qui auparavant n'eussent iamais ose faire declaration de leur foy. Or non seulement ils parlent de bouche, mais ce qu'ils font monstre qu'ils aiment mieux estre tenus execrables devant le monde et cependant stre disciples de Iesus Christ, que de perdre ce qu'ils avoyent obtenu, c'est ascavoir le salut gratuit qui leur avoit este propose. Et voyla aussi pourquoy ii est dit que Ioseph attendoit le Royaume de Dieu. Par ce mot il nous est declare que nous sommes alienez de Dieu et bannis de son Royaume iusques a ce qu'il nous recueille a soy pour son peuple. Nous voyons donc combien la condition des hommes est miserable, iusques a ce que nostre Seigneur Iesus ies ait appelez a soy pour les desdier a son Pere. Et si nous sommes separez de ce bien-la, mal-heur et confusion sur nous. Or c'estoit une grande vertu alors d'attendre le Royaume de Dieu, pource que les Iuifs s'en estoyent abbastardis, et les oocasions en estoyent grandes selon le monde. Car les Prophetes avoyent declare, quand le peuple seroit retourne de Babylone, que Dieu seroit tellement leur Redempteur, qu'il y auroit un royaume florissant en toute dignite, que le Temple seroit edifie en plus grande gloire que iamais, que lors on iouyroit de tous biens, et que ce seroit une vie heureuse^ que tous auroyent repos et qu'il ne seroit question que de s'esiouir en Dieu, et benir son Nom et luy rendre louange. Voyla ce que les Prophetes avoyent promis. Mais quel- est l'estat du peuple? Ils sont mangez et gourmandez par leurs voisins, on les pieque, on les moleste: quelque fois il y a telle tyrannie que le sang innocent est espandu par toute la ville, le livre de la Loy est brusle, et defend- on d'en avoir une seule lecture sur peine de la vie: il y a des cruautez si grandes qui s'exercent que c'est une horreur. Le Temple est plein de pollution. La maison de David qu'est-elle devenue? Elle est coupee du tout et l'estat va tousiours de mal en pis. Ainsi donc il ne se faut point esbahir, si en un peuple si rude et addonne a ses appetis et affections, il y en a eu bien peu qui reteinssent la vraye religion et qui n'eussent perdu courage: comme nous voyons aussi que le nombre de ceux qui enduroyent patiemment et estoyent fermes en la foy estoit bien petit et bien rare. Cela est dit de Simeon, il est dit d'Anne la prophetesse, il est dit de Ioseph. Mais quoy? En une multitude si grande, entre les Iuifs en un pays tant peuple, le S. Esprit nous en propose quatre ou cinq comme une chose qui n'estoit point accoustumee, et rend tesmoignage que ceux-la attendoyent le Royaume de Dieu: mais c'est afin que nous apprenions, quand tout sera confus et desesperes d'avoir nostre regard fiche en Dieu. Et d'autant