46:920 Nous voyons donc l'Apostre, qui specifie notamment qu'il a falu que nostre Seigneur Iesus fust estonne de crainte: car sans cela nous ne scaurions que vaut ce sacrifice par lequel nous avons este reconciliez. Et de faict S. Pierre aussi monstre que nostre Seigneur Iesus n'a point seulement souffert en son corps, mais en son ame, quand il dit qu'il a combatu contre les douleurs de la mort. Vray est que l'Escriture souvent dira que nous sommes rachetez par le sang de Iesus Christ, d'autant qu'il a offert son corps en sacrifice: et voyla aussi pourquoy il est dit que sa chair nous est viande et son sang nous est bruvage spirituel: mais cela est dit au regard de nostre rudesse. Pource que nous sommes grossiers le 8. Esprit nous renvoye a ce qui est visible en la mort de Iesus Christ, afin que la nous ayons un gage tout asseure de nostre salut. Cependant ce n'est pas pour exclure ce qui nous est monstre en tous les autres passages: et mesmes pour deroguer a cest article que la mort et passion de nostre Seigneur Iesus n'eust de rien servi pour effacer les iniquitez du monde, sinon d'autant qu'il a obey, voire s'abbaissant iusques a la mort tant espovantable: et a obey, non point qu'il fust insensible: mais combien qu'il eust a soustenir des frayeurs grandes et extremes, que toutesfois il a prefere nostre salut a tout autre regard. Voyla donc ce que nous avons a observer en ce passage: C'est ascavoir que le Fils de Dieu non seulement a endure en son corps une mort tant cruelle, mais qu'il a este touche au vif, ayant a soustenir des assaux horribles comme si Dieu l'eust abandonne. Car de faict aussi il soustenoit nostre cause, et faloit qu'il sentist quelle condamnation estoit sur les povres pecheurs. Or par nos pechez nous sommes comme alienez de Dieu, et faut qu'il se retire de nous, et que nous cognoissions qu'il nous a comme reiettez. Voyla le propre des pecheurs. Iesus Christ n'a iamais este reiette de Dieu son Pere, c'est chose certaine: mais il a falu neantmoins qu'il sousteinst ces douleurs- la et qu'il combatist vaillamment pour les repousser, afin qn'auiourd'huy le fruit de la victoire nous en reviene. Ainsi nous avons a retenir que, quand nostre Seigneur Iesus a este mis en telle extremite, comme si Dieu son Pere l'eust retancho de toute esperance de vie, c'est d'autant qu'il estoit la en nostre personne, soustenant la malediction de nos pechez, laquelle nous separoit d'avec Dieu. Car ou gist nostre felicite, sinon que nous soyons vivifiez par la grace de Dieu, et esclairez de sa clarte? Il est la fontaine de vie et de tout bien et nos pechez mettent comme une longue distance entre luy et nous. Il a donc falu que Iesus Christ sentist cela. Venons maintenant a ce qu'on peut alleguer. Est-il possible que Iesus Christ ait eu de