3:9 9 AU ROY DE FRANCE TRESCHRESTIEN, FRANÇOIS PREMIER DE CE NOM, SON PRINCE ET SOUVERAIN SEIGNEUR, IEAN CALVIN, PAIX ET SALUT EN NOSTRE SEIGNEUR1) IESUS CHRIST. Au commencement que ie m'appliquay à escrire ce present livre, ie ne pensoye rien moins, Sire,2) que d'escrire choses qui fussent presentées à vostre3) Maiesté: seulement mon propos estoit d'enseigner quelques rudimens, par lesquels ceux qui seroyent touchez d'aucune bonne affection de Dieu, fussent instruits à la vraye pieté. Et principalement vouloye par ce mien labeur servir à noz Francois: desquels i'en voyoye plusieurs avoir faim et soif de Iesus Christ, et bien peu qui en eussent receu droite cognoissance. Laquelle mienne deliberation on pourra facilement appercevoir du livre, entant que ie l'ay accommodé à la plus simple forme d'enseigner qu'il m'a esté possible. Mais voyant que la fureur d'aucuns iniques s'estoit tant eslevée en vostre4) royaume qu'elle n'avoit laissé lieu aucun à toute saine doctrine, il m'a semblé estre expedient de faire servir ce present livre, tant d'instruction à ceux que premierement i'avoye deliberé d'enseigner, qu'aussi de confession de foy envers vous:5) dont vous cognoissiez quelle est la doctrine contre laquelle d'une telle rage furieusement sont enflambez ceux qui par feu et par glaive troublent auiourdhuy vostre royaume. Car ie n'auray nulle honte de confesser [fn] 1) Nostre Seigneur, manque dans les édd. posterieures à celles de 1562. Les édd. antérieures à celle de 1560 lisent: salut en Dieu. 2) 1541 : o tres noble Roy. 3) 1541 : ta. 4) 1541 : ton. 5) 1541: toy. Dans cette éd. l’auteur emploie constamment la seconde personne du singulier en s'adressant au Roi.