46:898
rendre
plus
inexcusable.
Et
voyla
pourquoy
Dieu
resveille
les
consciences
endormies,
qui
veulent
reietter
tout
ioug,
et
les
rameine
et
incite
a
penser
a
eux
de
plus
pres,
tellement
qu'en
despit
de
leurs
dents,
il
faut
qu'ils
cognoissent
leurs
povretez,
et
qu'ils
sentent
leurs
vices,
combien
qu'ils
s'y
veulent
endormir.
Tous
les
scrupules
donc
qu'ont
tous
les
contempteurs
de
Dieu,
et
tous
les
meschans,
ce
sont
autant
d'adiournemens
que
Dieu
leur
fait
pour
leur
oster
toute
excuse
d'ignorance
:
Mais
puis
apres
ils
se
laschent
la
bride,
et
se
iettent
a
l'abandon,
et
si
ne
sont
nullement
retenus
:
comme
nous
voyons
en
Pilate.
Du
commencement
il
est
bien
estonne,
mais
tantost
apres
il
revient
a
son
naturel.
Et
ne
scais-tu
pas
(dit-il
a
Iesus
Christ)
que
i'ay
puissance
de
t'absoudre
ou
de
te
condamner?
Yci
en
premier
lieu
notons,
quand
ce
seroit
un
brigand,
qu'il
ne
pourroit
point
neantmoins
remuer
un
doigt
que
Dieu
ne
luy
donnast
la
puissance.
Comment
donc
est-ce
que
Pilate
ose
bien
amener
une
telle
licence
et
si
desbordee,
de
condamner
et
absoudre
a
son
appetit
et
a
sa
poste
?
Car
il
voudroit
mieux
que
la
bride
fust
laschee
a
tous
brigans,
et
qu'ils
eussent
liberte
d'exercer
leur
cruaute
par
les
bois,
que
d'asseoir
en
un
siege
si
honorables
des
gens
qui
se
plaisent
en
leur
puissance,
sans
penser
a
la
conscience,
et
que
cependant
ils
mettent
toute
confusion
au
monde.
Or
yci
nous
voyons
(comme
i'ay
monstre)
qu'il
n'y
a
point
eu
une
racine
vive
en
Pilate,
mais
une
bouffee
seulement.
Ainsi
donc
apprenons
de
tellement
craindre
Dieu
qu'il
y
ait
une
ferme
constance
en
nous
de
cheminer
en
son
obeissance,
et
que
nous
bataillions
vertueusement
contre
tout
ce
qui
nous
pourroit
destourner,
et
que
tousiours
ceste
bride
nous
retiene,
qu'il
n'est
point
question
de
provoquer
l'ire
de
celuy
qui
ha
toute
puissance
sur
nous.
Voyla
en
somme
ce
que
nous
avons
a,
retenir.
Et
cependant
aussi
il
y
a
a
considerer
comment
la
gloire
que
Pilate
s'attribue,
luy
est
neantmoins
une
grande
honte.
Car
ses
ennemis
ne
luy
pouvoyent
pis
reprocher
que
cela,
ascavoir
qu'il
veut
estre
tenu
et
repute
n'avoir
aucune
discretion
de
bien
et
de
mal:
et
neantmoins
il
s'en
vante.
Nous
voyons
donc
d'autant
plus
que
les
contempteurs
de
Dieu
cuident
s'eslever,
qu'il
faut
qu'ils
se
sentent
tousiours
estre
plus
abysmez
en
confusion
:
et
Dieu
les
met
tellement
en
sens
reprouve,
qu'ils
font
leurs
vanteries
de
leurs
iniquitez,
afin
de
se
rendre
detestables
et
au
ciel
et
a
la
terre.
Qu'est-il
donc
de
faire?
Apprenons
de
nous
glorifier
en
bien,
et
que
nous
regardions
ce
qui
nous
est
licite.
Car
ceux
qui
se
glorifient
en
leur
grandeur,
il
est
certain
qu'ils
provoquent
Dieu,
d'autant
qu'ils
ont
acquis
leurs
richesses
et
leur
credit
souventesfois
par
moyens
illicites,
par
exces,
par
cruautez,
et
toutes
57
|