46:897
897
DE
LA
PASSION.
898
nous
monstre,
qu'on
leur
allegue
sa
Parolle,
qu'on
leur
veuille
approuver
ce
qu'ils
reiettent:
Ce
leur
est
bien
tout
un,
ils
bouschent
les
aureilles,
ils
bandent
les
yeux,
ils
sont
preoccupez
en
tous
leurs
sens,
et
y
a
un
tel
orgueil,
qu'il
n'est
point
question
de
donner
nulle
audience:
car
il
leur
plaist
ainsi:
Nous
l'avons
ordonne
(disent-ils)
et
ainsi
il
faut
qu'il
s'execute.
Voire?
Et
cependant
voyci
Pilate
qui
n'avoit
iamais
ouy
un
seul
mot
de
la
doctrine
de
Dieu,
mesmes
la
Loy
luy
estoit
en
desdain,
tellement
que
tout
ce
que
font
les
Iuifs,
il
le
tient
pour
une
chose
controuvee,
et
adore
ses
idoles:
cependant
si
est-ce
que
le
nom
de
Dieu
le
touche,
et
qu'il
en
est
retenu
quand
on
en
parle.
Et
est*ce
pour
quelque
maieste,
ou
quelque
pompe
qu'il
voye
en
Iesus
Christ?
Nenni:
il
n'y
a
que
le
nom
de
Dieu
qui
le
sollicite
a
reverence.
Combien
donc
il
y
en
a-il
qui
seront
condamnez
par
ceste
crainte
de
Pilate,
quand
ils
poursuyvent
leur
train
accoustume,
et
qu'on
ne
peut
rien
gaigner
envers
eux,
combien
qu'on
leur
propose
le
nom
de
Dieu,
et
qu'on
ne
leur
dise
pas
seulement
comme
un
mot
en
passant,
mais
qu'on
s'offre
a
les
enseigner,
et
a
leur
monstrer
au
doigt
les
tesmoignages
de
l'Escriture?
S'il
ne
daignent
pas
y
penser,
n'y
adiouster
aucune
diligence,
ne
faut-il
pas
que
le
diable
les
possede
du
tout,
et
qu'ils
donnent
a
cognoistre
qu'ils
sont
comme
monstres,
qui
ont
aboli
toute
semence
de
religion,
d'autant
qu'ils
se
sont
obstinez
a
l'encontre
de
Dieu,
comme
despitant
toute
nature?
Voyla
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir.
Or
quoy
qu'il
en
soit,
a
l'opposite
aussi
nous
voyons
que
toutes
les
craintes
qu'auront
les
hommes,
et
tout
ce
qu'ils
auront
de
sentiment
et
apprehension
pour
honorer
Dieu,
ne
sera
que
comme
un
esclair
qui
voie
a
travers
des
yeux,
et
incontinent
s'esvanouit.
Car
comment
est-ce
que
Pilate
a
craint
Dieu?
nous
voyons
que
cela
ne
le
retient
point,
qu'il
ne
monstre
une
fierte
si
grande,
qu'il
luy
semble
que
Dieu
n'est
plus
rien.
Voyla
donc
comment
tous
ceux
qui
ne
sont
point
gouvernez
par
l'Esprit
de
Dieu,
auront
d'un
coste
quelques
frayeurs
dont
ils
seront
saisis,
tellement
qu'ils
s'humilieront
par
fois
devant
Dieu:
mais
cependant
ils
ne
laissent
pas
de
lever
les
cornes,
et
puis
apres
s'oublier,
et
eslourdir
leurs
consciences
pour
mal
faire.
Comme
nous
voyons
en
Pharao
que
quelquesfois
il
est
bien
estonne
:
Et
priez
Dieu
pour
moy,
dit-il.
Et
quand
il
voit
la
vertu
de
Dieu
si
apparante:
Ho,
c'est
le
doigt
de
Dieu,
dit-il,
il
s'y
faut
assuietir.
Mais
tantost
apres
pis
que
iamais.
Ainsi
donc
a-il
este
de
Pilate.
Or
ceci
nous
admonneste
de
n'avoir
point
des
craintes
de
Dieu
qui
soyent
comme
bouffees:
mais
d'en
avoir
une
bonne
racine
qui
demeure
ferme
en
nos
coeurs.
Car
comment
est-ce
que
Pilate
a
craint
Dieu?
C'a
este
seulement
pour
se
Calvini
opera.
Vol
XLVI.
|