35:89 89 IOB CHAP. XXXIII. 90 point bien vescu? N'ai-ie pas servi a Dieu comme ie devoye? Et si i'ai commis quelque faute, n'y a-il pas encores quelque chose pour la recompenser? Et i'ai fait ceci et cela. Voila, di-ie, comme les hommes voudront tousiours mettre quelque barre a Dieu, afin qu'il n'ait point d'advantage sur eux. Ils cercheront donc leur droiture en leurs merites. Or Dieu use bien d'un style tout contraire, quand il nous veut donner une droiture par laquelle nous subsistions devant lui: c'est que cachant nos pechez il nous recognoist comme iustes, et nous advoue pour tels. Ou est-ce donc que nostre droiture sera appuyee? C'est en la misericorde gratuite de nostre Dieu: d'autant qu'il efface nos pechez, et qu'il ne nous impute point nos offenses, apres qu'il a nettoye nos macules par le sang de son Fils, apres qu'il nous a delivrez de damnation de mort par le payement que nostre Seigneur Iesus a fait en la croix. Voila la droiture qui nous est la annoncee par les messagers de Dieu, c'est quand nous sommes iustifiez. Et ce n'est point sans cause que l'Escriture saincte aussi use tousiours de ce mot de Iustifier. Il pourroit bien estre dit, que nous trouvons grace quand Dieu nous pardonne (comme aussi il en est souvent parle) mais le sainct Esprit ne, se contente point d'user de tels mots. Et pourquoi? Car cependant que nous sommes pecheurs, il faut que Dieu nous haysse: nous savons qu'il est la fontaine de iustice: et il n'y a point de convenance entre lui et l'iniquite. Nous sommes donc detestables a Dieu, et faut que nous soyons reiettez de lui, cependant que nous sommes pecheurs: bref, nous n'avons point accez a Dieu iusques a ce que nous soyons iustes et droits. Or maintenant comment le somme-nous ? C'est d'autant que Dieu ne veut point avoir esgard a nos pechez, d'autant qu'il les ensevelist, d'autant qu'il les cache, et qu'il nous en purge. Voila donc nos pechez qui sont effacez en la mort et passion de nostre Seigneur Iesus Christ, tellement que nous sommes reputez iustes, que Dieu ne trouve plus d'iniquite en nous, quand il nous accepte ainsi au nom de son Fils. C'est ceste droiture de laquelle il est parle en ce passage. Au reste, quand notamment il est dit, que ce messager qui nous resiouyt ainsi, est un d'entre mille: c'est pour nous faire priser d'avantage ce bien dont nous ne tenons gueres de conte, c'est assavoir le moyen de nostre reconciliation. Il est donc declare, que ce n'est point chose vulgaire que ceci. On ne pourra pas tousiours rencontrer, que nous ayons un homme que Dieu nous envoye pour tesmoin de nostre salut, qui soit pour moyenner nostre reconciliation avec lui : pourtant ce n'est point une chose que nous devions ietter au pied. Et