21:89 89 PAR NICOLAS COLLADON. 90 die de Calvin. Mais finalement Dieu voulut que la fievre le laissa audit an 1559, au mois de May:1) toutesfois tellement debilite que iamais depuis il n'a peu revenir en une pleine sante. Tousiours depuis il traina la iambe droitte, qui par intervalles luy faisoit douleurs: mais il ne s'arrestoit pas pourtant en la maison, sinon par fois que lesdites douleurs estoyent grandes et par trop pressantes : ains venoit au temple faire ses sermons, et en Fauditoire faire ses lecons: quelques fois marchant seul, quelques fois estant appuye et aide de quelqu'un: ou quand il ne pouvoit autrement, se faisant porter en une petite chaire, ou montant a cheval. Or ce fut une grande ioye a toute l'Eglise la premiere [f 6] fois qu'il monta en chaire pour prescher apres sa maladie. Il me souvient que ce fut un iour de Dimanche, et qu'on chantoit le Pseaume 30, qui estoit bien propre pour rendre action de graces pour sa convalescence. La on pouvoit appercevoir en son visage, comment il rendoit graces a Dieu d'une vraye affection de piete; car il n'y avoit rien d'affectation (comme on sait qu'il a tousiours fuy cela merveilleusement), mais en sa simplicite reluisoit naifvement ce que ie di.N Ainsi estant aucunement restabli en l'exercice de sa charge, il acheva ce qui luy restoit a exposer d'Isaie aux sermons ordinaires de sa sepmaine; et puis commenca esdits sermons le livre de Genese le 4 iour de Septembre. Quant a ses lecons, il commenca le Prophete Daniel le 12 de Iuin audit an: et pour ses sermons du Dimanche, il se mit a prescher l'harmonie des trois Evangelistes au mois de Iuillet: et de ces sermons il y en a 65 imprimez. Sur la fin du mois de Decembre, il tomba en un crachement de sang par une defluxion erodente, et pour s'estre trop efforce: comme il ne se donnoit aucune relasche, que il ne mist tousiours peine de s'acquitter de toutes les parties de son office. *) Ce fut un accident qui estoit bien pour l'estonner: toutesfois apres y avoir remedie par le conseil des medecins, et s'estre tenu coy bien peu de iours, il se monstra tel que de coustume, et retourna derechef a prescher: combien que tant les medecins que ses mais familiers luy conseilloyent et le prioyent qu'il se reposast pour le moins un mois, afin de mieux remedier au mal commence. De fait le peu de repos qu'il se donnoit fut cause que encores depuis aux annees ensuivantes il eut le mesme accident deux ou trois fois: ou il fut semblablement secouru par les medecins le mieux qu'il leur estoit possible en un tel corps. Ie ne veux omettre que ce ne luy fut pas une 1) mars F. 2) sa charge F.