9:883 883 ORATIONES. 884 cumference, nayans nulles proprietez de leur nature. Vostre iugement propre vous convainque que ceste absurdite nest nullement a conceder. Non plus donc ne le fault il accorder du corps de Christ auquel (selon le tesmoignage de lapostre) ilz seront semblables. Ie vous demande outreplus si nous ne mangeons pas le mesme corps et en mesme forme que le mangeoient les Apostres en la Cene? Ce que ne pouvez nier. Or mainctenant aurez a confesser lun des deux ou que les apostres mangeoient le corps glorifie ou le corps mortel. Si cestoit le corps mortel par consequent Iesuchrist seroit encore tous les iours mortel et passible, contre les escriptures, lesquelles nous declarent quil a devestu tout infirmite. Sil estoit immortel et glorieux il vous conviendra cheoir en ung autre inconvenient que lors quil le distribuoit en la premiere cene en ung lieu il estoit mortel et passible en lautre immortel et glorifie. Car Iesuchrist estant assis a la table avec ses apostres avoit son corps mortel et passible et mesme prochain de la mort et passion et pourtant en la droicte heure de sa plus grande infirmite. Et neantmoins par vostre confession il distribuoit son corps glorieux et immortel. Dont sensuivent toutes les absurditez qu'on pourroit imaginer, tellement que les resveries de Marcion ne furent iamais si phantastiques que les consequences que lon pourroit desduire de ce que vous nous voulez faire accroyre. Et puis que vous feignez avoir une si grande reverenee aux parolles du seigneur pressant tant rigoreusement ces motz: Hoc est corpus meum, ie vous contraindray par une mesme raison de separer et diviser, comme portent les motz, le corps du sang. Et par ainsi vous feray tumber en cest inconvenient de accorder que le corps de Christ estant exalte en la gloire du royaume celeste peult estre divise de son sang: ce qui est abominable a penser. Car nostre seigneur disant: voicy mon corps, en monstrant le pain, et en monstrant le vin: cest mon sang, il monstre le corps a part et le sang a part. Et cest une moquerie de alleguer ceste concomitance par laquelle avez accoustume de evader. 1) Car si au calice estoit le corps, ce eust este faulcement parle au seigneur de verite de dire: Ce est mon sang: principalement apres avoir demonstre separement son corps. Pourtant si nous nous tenons aux motz comme vous le voulez, il ne reste plus sinon de confesser que soubz le pain est le corps, soubz le vin est le sang, et de les separer en ceste maniere. En quoy ie vous laisse a considerer combien il y auroit de absurdite. Pour ces raisons qui sont de telle importance que chacun 1) Conjecture. Mot a moitie tllisible.