9:866 pour parler de Dieu, nulle facetie ne doit entrer en noz propoz: mais devons, en tout ce que nous disons, demonstrer quelle reverence nous portons a sa Maieste, ne prononceant un seul mot que en crainte et humilite. Mais en descifrant les superstitions et folies dont le povre monde a este embrouille par cy devant, il ne se peut faire qu'en parlant de matieres si ridicules on ne s'en rie a. pleine bouche. Bien est vray qu'il y a bien aussi occasion de plorer et gemir: d'autant que ce n'est pas ieu, que la gloire de Dieu ayt este ainsi obscurcie, et sa verite eternelle, laquelle nous doit estre en singuliere recommandation, ayt este ainsi abolie par mensonges infiniz: que tant de povres ames ayent este menees de Satan en ruine et damnation. Mais l'un ne empesche pas l'autre, qu'en ayant tristesse telle que nous devons, de reduire en memoire comme Dieu a este ainsi blaspheme, ayant aussi pitie et compassion de la calamite ou le monde a este si long temps, et est encore a present: neantmoins en racontant des resveries si sottes et des badinages tant ineptes, nous usions de moqueries telles qu'ilz les meritent. Quand nous en ferons ainsi, ce sera a l'exemple des Prophetes: lesquelz, en traictant la simple verite de Dieu, parlent avec une maieste qui doit faire trembler tout le monde: mais en blasmant les resveries des idolatres ne font nulle difficulte d'user de risees, pour monstrer combien elles sont ridicules. Combien que c'est autre chose des Prophetes que de nous. Car d'autant que nous ne parlons pas au Nom de Dieu comme eux, afin que tout ce que nous prononceons soit receu comme revelation venant du ciel: il nous est bien licite d'user d'un style plus bas. Mais i'ay allegue ceste comparaison seulement pour monstrer que ce n'est pas donner occasion aux Lucianiques et Epicuriens et autres contempteurs de Dieu, de vilipender la religion Chrestienne, ou l'avoir en mespris, quand on se moque des corruptions d'icelle. Calvini opera. Vol IX. 55