9:865 865 PRAEFATIONES. 866 prouver que c'est, i'ay bien voulu testifier en partie ce qui en est, pour donner courage a ceux qui s'en voudront fier en moy, et les inciter a voir, iusqu'a ce qu'ilz en puissent iuger d'euxmesmes. Non pas que ie presume tant que de m'attribuer le iugement dessus les oeuvres des autres, pour en prononcer comme par authorite: ou de ranger a mon opinion et advis tous les lecteurs. Toutefois pource que ie pense et suis tout persuade que plusieurs ne refuseront point d'acquiescer a ce que ie leur en affermer ay, ie me suis ingere pour le profit d'iceux d'en dire mon semblant. Combien qu'il n'est ia mestier de desduire au long tout le profit qui s'en pourra recueillir et le plaisir que on y prendra. Seulement ie puis certifier que tous ceux qui auront la patience de continuer la lecture, ne se repentiront point de s'estre si bien adresses. Il y a un poinct seul, que ie sache, qui pourroit diminuer la grace du livre envers aucuns. C'est qu'il semble bien advis que les matieres de la Chrestiente se doyvent traicter avec une gravite correspondente a leur dignite et hautesse: et pourtant qu'il n'est pas convenable de les mesler avec propoz ioyeux, attendu mesme qu'il y a dangier qu'en ce faisant on ne les tourne en risee. Principalement au temps present, auquel l'impiete s'est desbordee plus que depuis le commencement de l'Eglise Chrestienne: ou, pour le moins, elle s'est plus clairement descouverte. Afin que nul, pour estre preoccupe de ceste raison, ne soit desgouste de la lecture, il est a noter qu'on dispute des matieres de la Chrestiente en deux sortes: premierement, en taxant les folles superstitions qui sont survenues entre les Chrestiens soubz umbre de la religion, lesquelles toutesfoys ne sont que corruptions d'icelle, pour la renverser et destruire. Secondement, en monstrant la simple et pure verite, selon qu'elle nous est revelee de Dieu par sa saincte parolle. Quant a ceste seconde espece, il est certain qu'incontinent que nous avons ouvert la bouche