51:85 85 SUR L'EPITRE AUX GALATES. QUARANTIEME SERMON. GALATES. Chap. VI, v. 6.8. Nous voyons assez que sainct Paul ne pouvoit estre suspect partout ou il estoit cognu d'estre par trop addonne a son profit: car combien qu'il luy fust licite d'estre nourri, d'autant qu'il portoit la parole de Dieu, si est-ce qu'il s'est abstenu de ceste liberte (comme nous voyons) a fin d'aller au devant de tous scandales: et il proteste que iour et nuict il a este contraint pour gagner sa vie de labourer de ses propres mains: mais d'autant plus a-il peu sans aucune suspicion exhorter ceux qui estoyent nonchalans a faire leur devoir, comme nous le voyons en ce passage. Il commande que celuy qui enseigne soit nourri, et qu'on ne souffre point que rien luy defaille. Or si sainct Paul eust este (comme desia nous avons dit) un homme plein d'avarice, pour attirer a soy le bien d'autruy, ou bien qu'il eust este plein de convoitise pour se faire valoir en pompes et en bombances, il eust eu la bouche close, et tousiours on eust replique qu'il parloit pour soy, et que cela n'estoit point s'addonner au service de Dieu: mais pour ce qu'il avoit assez declare par experience qu'il ne cerchoit sinon en s'oubliant et n'ayant nul esgard a sa personne, d'avancer le regne de nostre Seigneur Iesus Christ et edifier l'Eglise, voila comme il a peu redarguer l'ingratitude de ceux qui s'acquittoyent mal envers leurs pasteurs, d'autant qu'ils leur espargnoyent la nourriture du corps, ayans la viande et pasture des ames par leur moyen. Or cela est trop inhumain, quand un homme ne cognoist point que celuy qui luy apporte la doctrine de salut est comme un pere nourricier qui luy est envoye de Dieu, et que pour le moins ii ne tasche a luy distribuer la vie corporelle. Quand donc les hommes sont ainsi nonchalans en cest endroit, ils monstrent un mespris de la parole de Dieu: car nature nous doit enseigner, quand nous sommes redevables a quelqu'un, de nous efforcer tant qu'il nous sera possible de luy rendre la pareille. Et si nous ne pouvons, monstrer pour le moins que ce n'est point par faute de bon vouloir. Or ici on ne peut pas rendre la pareille: car la parole de Dieu ne trouvera rien en ce monde qui puisse estre mis en balance a l'opposite. Tant y a que ceux qui sont enseignez, doivent pour le moins ne point espargner leurs biens temporels, qu'ils ne nourrissent ceux desquels ils recoivent ce thresor inestimable de l'Evangile: et mesmes nous voyons que c'a este l'astuce de Satan de vouloir despouiller l'Eglise de Dieu de bons pasteurs et ministres, quand on les a comme