9:848 Voila en quoy l'homme Chrestien se doit exercer toute sa vie, s'il veut employer son temps a une doctrine profitable. Or tout cela est contenu en ce present livre, et deduit de telle sorte que les grans et les petis y pourront prendre bonne instruction et utilite, moyennant qu'ilz y viennent avec un bon desir de profiter. Et de faict, ce qui est bien a priser, ie voy que l'auteur, estant homme de profond savoir, n'a pas voulu entrer en disputes subtiles,*ne traiter les matieres d'un artifice tant haut qu'il luy eut este facile de faire, mais s'est abaisse tant qu'il a peu, n'ayant esgard qu'a la seule edification. C'est certes la facon et le style que nous aurions tous a tenir: sinon que les adversaires nous contraignissent par leurs cavillations a nous destourner de ce train. Tant y a que la plus grande simplicite est la plus grande vertu- a traicter la doctrine Chrestienne. C'est aussi la cause pourquoy ii s'est deporte d'esplucher aucuns poinctz iusqu'au bout, pour en resoudre ce que beaucoup en requeroyent. Car il s'est contente d'en dire ce qu'il iugeoit estre necessaire pour le salut des hommes, laissant comme en suspens ou omettant ce dont l'ignorance ou la doubte n'est point perilleuse. Comme de la matiere du franc arbitre: ie say bien qu'il n'en baille point pleine resolution pour satisfaire a tout le monde. Car il semble advis qu'il reserve quelque chose a l'homme. La raison est qu'ayant demonstre le principal il aime mieux superseder, que debattre des choses qui ne luy semblent pas estre tant requises au salut des Chrestiens. Il a cela pour resolu que l'entendement humain est aveugle: tellement que nostre raison ne nous peut pas conduire a Dieu ny a sa cognoissance, iusque a ce que Dieu nous ait illumine par la grace de son S. Esprit. Item, que la volunte de soy est perverse et vitieuse : tellement qu'il n'en peut sortir qu'affections mauvaises, rebelles a Dieu et a sa iustice, et qui par consequent luy sont deplaisantes, iusque a ce