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BRIEVE
INSTRUCTION
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Et
de
faict,
ce
seroit
une
chose
trop
absurde,
qu'une
telle
vocation
fust
tant
magnifiee
et
exaltee
de
Dieu,
si
elle
empeschoit
un
homme
d'estre
serviteur
de
Dieu.
S.
Paul
exhorte
un
chacun
Chrestien
de
persister
en
la
vocation
en
laquelle
il
aura
este
appelle
(1
Cor.
7,
20).
Tous
bergiers
x)
et
laboureurs
des
champs,
tous
mechaniques,
et
autres
semblables
doyvent
estimer
leur
estat
estre
sainct,
et
qu'il
ne
les
empesche
nullement,
quant
a
la
perfection
Chrestienne,
[page
70]
Regardons
maintenant
lequel
estat
est
plus
approuve
de
Dieu,
d'un
conducteur
de
bestes,
ou
d'un
gouverneur
de
peuple:
et
non
seulement
approuve,
mais
aussi
prise,
comme
digne
et
excellent
entre
les
autres.
Ie
laisseray
beaucoup
de
tesmoignages2)
qui
ne
seroyent
pas
impertinens
a
ce
propos,
seulement
a
cause
de
brievete.
Et
aussi
qu'un
seul
suffira
pour
tous.
Youdrions-nous
plus
grand'
louange
d'un
estat,
que
quand
par
la
bouche
de
Dieu
mesme
il
est
nomme
divin
(Ps.
82,
6)?
Si
donc
ce
tiltre
est
donne
a
l'estat
des
Princes:
qui
osera
dire
qu'il
soit
indigne
d'un
homme
fidele?
Or,
il
y
a
d'avantage.
Car
nostre
Seigneur
faict
ceste
grace
aux
Princes,
de
les
appeller
dieux:
et
ce,
non
pas
a
cause
de
leurs
personnes:
mais
en
consideration
de
la
dignite
ou
ilz
sont.
Nostre
Seigneur
Iesus
rend
la
raison,
que
c'est
pour
ce
que
Dieu
les
a
la,
commis,
et
leur
a
donne
telle
charge
(Iehan
10,
34).
Il
n'est
bien
advis
que
nostre
Seigneur
ne
sauroit
donner
plus
expres
tesmoignage
de
l'approbation
de
quelque
estat,
que
quand
il
communique
son
nom
a
l'homme
qui
est
constitue
en
iceluy,
comme
s'il
Pappelloit
son
lieutenant,
qui
represente
sa
personne.
Parquoy
ie
conclus,
que
quiconque
desprise
ceste
vocation
tant
honoree
de
Dieu,
blaspheme
[page
71]
contre
la
maieste
celeste
d'iceluy.
Ilz
me
respondront,
que
ce
n'est
pas
le
despriser,
que
de
le
faire
inferieur
a
la
perfection
Chrestienne.
Mais
ie
replique,
qu'ilz
n'en
sauroyent
parler
avec
plus
grande
contumelie.
Car
en
disant
qu'il
ne
convient
pas
a
la
Chrestiente,
ilz
le
reiettent
comme
profane.
Ie
ne
me
soucie
de
ces
belles
couleurs,
par
lesquelles
ilz
couvrent
leur
blaspheme,
en
disant
que
c'est
une
ordonnance
de
Dieu.
Car
le
tout
gist
en
cela:
assavoir,
si
c'est
un
office
sainct,
et
qui
puisse
estre
exerce
par
les
fideles:
ou
bien
si
un
homme
en
approchant
d'iceluy
en
est
pollue.
Or
ilz
disent,
que
quiconque
est
assis
en
chaere
de
Iustice
ne
merite
d'estre
repute
Chrestien,
pource
que
l'office
du
glaive
n'a
point
lieu
en
la
Chrestiente.
Quand
il
n'y
auroit
que
ce
que
dit
sainct
Paul,
il
y
a
bien
pour
contenter
tous
ceux
qui
voudront
1)
opiliones
et
bubulci.
2)
scripturae.
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