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SERMON
CXXV
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iusques
a
ce
que
nous
ayons
bataille
contre
beaucoup
de
morts.
Or
il
est
vrai
que
ceci
nous
semble
fort
dur:
mais
notons,
qu'a
rude
asne,
rude
asnier
(comme
on
dit)
et
d'autant
que
nous
sommes
un
bois
dur,
il
nous
faut
des
chevilles
bien
dures,
il
nous
faut
de
grands
coups
de
marteau.
Il
est
vrai
que
nous
ne
pensons
point
estre
rebelles
a
Dieu;
mais
si
nous
pensions
a
ce
qui
en
est,
sans
nous
flatter,
nous
trouverions
que
ce
n'est
point
une
chose
petite
ne
commune
que
d'avoir
nourri
la
malice
en
nous.
Les
uns
rongent
leur
frain
a
l'encontre
de
Dieu,
tellement
qu'encores
que
les
afflictions
croissent,
ils
ne
laissent
pas
de
tousiours
grincer
les
dents,
et
d'estre
la
comme
des
bestes
sauvages:
les
autres
auront
bien
quelque
signe
d'humilite:
mais
quoi?
Ils
sont
volages,
que
du
iour
au
lendemain
il
ne
leur
en
souviendra
point.
Cependant
qu'un
homme
sera
tenu
enserre,
o
il
est
vrai
qu'il
dira,
I'ai
offense
mon
Dieu,
il
faut
que
ie
change:
et
non
seulement
il
fera
semblant
devant
les
hommes
par
hypocrisie
de
se
vouloir
amender,
mais
il
cuidera
lui-mesme
estre
tout
change,
et
qu'il
n'y
a
plus
en
lui
nulle
affection
mauvaise.
Mais
quoi?
Si
Dieu
le
delivroit
le
lendemain,
il
seroit
pire
qu'il
n'a
este,
ou
il
seroit
tout
un.
Voila
comme
nous
en
sommes.
Et
ainsi
ne
trouvons
point
estrange
que
Dieu
rabbatte
ainsi
les
coups:
s'il
voit
que
nous
ne
pouvons
estre
gaignez
a
lui,
mais
qu'il
y
ait
une
telle
fierte
qu'il
faille
qu'il
nous
corrige
de
longue
main
:
il
faut
qu'il
y
besongne
plus
rudement.
Comme
quand
une
maladie
sera
enracinee,
et
bien,
il
est
vrai
que
le
malade
pensera
estre
quitte,
ayant
prins
quelque
breuvage,
quelque
pilule,
ayant
eu
quelque
saignee:
il
lui
semble,
di-ie,
qu'il
est
sain
du
tout
:
mais
la
racine
de
la
maladie
n'est
pas
encores
du
tout
arrachee:
et
pourtant
il
faudra
qu'il
prenne
des
medecines
bien
rudes
et
bien
ameres,
qu'il
face
la
diette,
et
qu'il
soit
sous
la
main
du
medecin
un
mois
et
deux,
voire
un
an
entier.
Voila
comme
il
faut
que
Dieu
nous
purge
par
divers
remedes,
et
par
une
longue
cure:
d'autant
que
ce
vice
d'orgueil
est
trop
enracine
en
nous,
et
qu'il
a
perce
iusques
a
la
moelle
des
os,
que
tout
en
est
infecte,
tellement
qu'il
n'y
a
rien
de
sain
en
nous,
mais
tout
est
corrompu,
sinon
que
Dieu
le
renouvelle.
Voila
donc
pourquoy
il
est
ici
parle
de
ceste
longueur
qui
nous
dure
en
nos
afflictions,
tellement
que
nous
n'en
pouvons
plus:
et
mesmes
qu'il
faut
que
Dieu
use
de
remedes
divers:
qu'il
ne
nous
afflige
point
d'une
seule
facon,
mais
qu'il
envoye
maintenant
une
espece,
maintenant
l'autre,
et
que
nous
sachions
qu'il
ne
le
fait
point
en
vain1:
car
il
ne
prend
point
plaisir
a
tormenter
ses
povres
creatures.
Nous
savons
que
son
naturel
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