51:82 des garents qui se mettent audevant pour s'opposer envers Dieu, que nous ne luy facions manifestement la guerre. Bref, quand chacun de nous regardera qu'il est charge tant et plus de ses fautes, il aura occasion de s'humilier: car il n'y a celuy qui ne soit abatu pleinement, quand Dieu voudra entrer en conte avec luy, voire exercant sa rigueur: que les plus iustes trouveront encores a reprendre en eux, tellement qu'ils demoureront la confus. En cognoissant cela, que nous attribuons a Dieu toute louange, souffrans d'estre gouvernez par luy. Et que nous revenions a ce que sainct Paul nous a propose ci dessus, c'est a scavoir de ne point nous decevoir a nostre escient quand il sera question d'avoir grande hardiesse pour corriger, pour reprendre et chastier cestui-ci ou cestui-la. Que nous ne soyons point si fols de nous iustifier par comparaison, pour ce qu'il nous semblera que Dieu se doive contenter de ce que nous avons ainsi reprins les autres, et qu'il y aura quelque apparence de vertu en nous. Ne nous arrestons point a tout cela, comme il nous est ici remonstre : mais cependant notons aussi quand il est dit que chacun portera son fardeau que nous avons bon besoin de nostre Seigneur Iesus Christ, et qu'il recoive toutes nos charges sur soy: comme de faict il a porte tous nos pechez en la croix, comme sainct Pierre en parle en sa premiere Canonique. Vray est que l'argument qui est ici deduit par sainct Paul n'est sinon celuy que i'ay desia declare, c'est a scavoir qu'il ne faut pas que nous cuidions que les hommes nous puissent garentir, d'autant que le plus iuste est desia empesche pour soy. Et au reste si nostre Seigneur n'avoit esgard a nous supporter, que nous serions accablez du tout sous le fardeau. Tant y a qu'il faut qu'un chacun responde pour soy, et que la parole de Dieu domine, comme i'ay desia dit. Yoila donc ce que sainct Paul a voulu monstrer. Mais au reste pensons un peu a nous. S'il faloit qu'un chacun portast son fardeau, qui sera celuy qui y pourra satisfaire? Il faut que nous en soyons du tout abatus: car quand il n'y auroit qu'un seul peche, voila l'enfer pour abysmer un homme. Il est certain que la pesanteur d'un seul peche est plus qu'une pierre, qui est pour casser les membres et les os. Or il n'est pas question ne d'un ne de cent: la multitude en est infinie. Comment donc pourrons nous subsister devant le iugement de Dieu quand il nous amenera la a conte? Qui est-ce qui pourra dire qu'il y vient comme franc et quitte? Bref, nous voyons que s'il n'y avoit point de remede en ce qui nous est ici declare par sainct Paul, que nous serions tous damnez. Ii faut donc que nous venions a nostre Seigneur Iesus Christ, car c'est celuy qui a porte 6 81 82