4:81 81 LIVRE HI. CHAPITRE HI. 82 tion dont nous parlons. Davantage, nous avons une certaine demonstration, *) par laquelle toute ceste question se peut vuider. Car il nous est commande en la Loy d'aimer Dieu de tout nostre coeur, de toute nostre ame et de toutes noz forces. Puis qu'il convient que toutes les parties de nostre ame soyent ainsi remplies de l'amour de Dieu, il est certain que tous ceux qui peuvent concevoir en leur coeur seulement un appetit legier, ou quelque cogitatum pour estre distraits de l'amour de Dieu a vanite, ne satisfont point a ce commandement. Qu'ainsi soit, ces choses ne sonfc-elles point comprinses en l'ame,2) d'estre touche et esmeu de quelque appetit, concevoir en l'entendement quelque chose, ou apprehender en son sens? Quand donc en telles affections il y a de la vanite et du vice,8) n'est-ce pas un signe qu'il y a quelques parties de l'ame vuides et despourveues de l'amour de Dieu? Parquoy, quiconque ne confesse que toutes concupiscences dc la chair sont peche, et que ceste maladie de convoiter qui est en nous, est la source de peche: il faut qu'il nie quant et quant, que la transgression de la Loy n'est point peche. 12.4) S'il semble advis a quelcun que ce soit une chose hors de raison, de condamner ainsi en general toutes les cupiditez desquelles Phomme naturellement est touche, d'autant qu'elles ont este mises en l'homme par Dieu, qui est autheur de nature: nous respondons que nous ne condamnons point las desirs que Dieu a mis en l'homme en la premiere creation, et lesquels ne se peuvent oster de nous sinon avec l'humanite mesme: mais que nous reprouvoas seulement les appetits desbridez et desordonnez, qui sont repugnans a> Tordre de Dieu. Or pource que toutes les parties de nostre ame sont tellement corrompues par la perversite de nostre nature, qu'en toutes nos oeuvres il y apparoist tousiours un desordre et une intemperance: d'autant que tous les desirs que nous concevons ne se peuvent separer d'un tel excez5) nous disons qu'a ceste cause' ils sont vicieux. Ou si quelcun en veut avoir une somme plus brieve, nous disons que tous les desirs et appetits des hommes sont mauvais, et les condamnons de peche: non pas entant qu'ils sont naturels, mais entant qu'ils sont desordonnez. Or ils sont desordonnez d'autant qu'il 1)" Le latin ajoute: a lege. 2) Qu'ainsi soit . . . . l'ame, voici le laUn et Ton comprendra : Quid enim, annon illae sunt animae facultates : subitis motionibus affici ete. 3) Quand donc . . . . vice, ie latin est plus juste et plus clair: Istae igitur (sc. facultates) quum vanis et pravis cogitationibus aditum ad se patefaciunt, annon ostendunt ete. 4) 1545 p . 85; 1551 Ch. IL p. 65. 5) Le latin dit: incontinentia. Calvini opera Vol IV.