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81
SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
III.
82
tant
et
plus.
Nous
aurons
bien
honte,
quand
un
homme
mortel
nous
aura
fait
du
bien,
de
tousiours
y
retourner:
mais
cela
n'a
point
de
lieu
envers
Dieu.
Il
ne
se
lasse
point
de
bien
faire.
Et
aussi
en
bien
faisant,
il
n'est
pas
espuise,
comme
seroyent
les
creatures.
Et
neantmoins
encores
que
nous
retournions
pour
la
troisieme
et
quatrieme
fois
a
un
homme
qui
nous
aura
fait
du
bien
et
du
plaisir,
nous
dirons:
Vous
m'avez
donne
la
hardiesse
de
retourner
vers
vous
pour
les
biens
que
vous
m'avez
desia
faits,
pour
lesquels
ie
me
sen
desia
oblige:
et
ce
sera
pour
augmenter
l'obligation
d'autant.
Si
cela
se
dit
aux
hommes
mortels:
c'est
envers
Dieu
principalement
qu'il
le
faut
pratiquer.
Car
nous
ne
luy
pouvons
pas
alleguer
nos
merites,
ne
rien
qui
soit
de
nous.
Il
faut
donc
que
nous
suyvions
ce
qui
nous
est
ici
monstre.
Seigneur,
puis
que
tu
as
commence
a
nous
bien
faire,
que
tu
continues
aussi.
Car
Dieu
s'oblige
envers
nous
en
nous
bien
faisant:
non
pas
qu'il
y
soit
tenu:
il
n'est
pas
question
de
venir
a
luy
avec
une
fierte,
comme
s'il
nous
dev.oit
rien:
mais
tant
y
a
que
selon
que
nous
avons
experimente
sa
bonte
et
sa
grace,
que
nous
sommes
tant
plus
privez
envers
luy.
Et
voila
a
quoy
il
nous
faut
ietter
la
veue.
Et
c'est
aussi
comme
Dieu
est
vrayement
glorifie
de
nous.
Quand
ie
viendray:
He
Seigneur,
il
est
vray
que
ie
ne
suis
rien,
ie
ne
puis
rien,
ie
n'ay
en
moy
que
tout
mal:
mais
puis
que
i'ay
desia
cogneu
que
tu
es
si
liberal,
et
que
tu
fes
monstre
a
moy
en
tant
de
sortes
:
voila
pourquoy
i'y
retourne
encores.
Voila,
di-ie,
comme
Dieu
sera
glorifie,
et
pour
le
temps
passe,
et
pour
le
temps
a
venir.
Et
ce
n'est
point
Moyse
seul
qui
a
use
de
ceste
facon
de
prier
:
nous
voyons
qu'elle
a
este
commune
aux
peres
anciens.
Combien
de
fois
aux
Pseaumes
voyons-nous
que
ceci
est
allegue?
et
nous
voyons
aussi
comme
Iacob
en
a
use.
Seigneur,
ie
suis
rempli
de
tes
benefices:
quand
ie
regarde
les
biens
que
tu
m'as
eslargi,
il
faut
que
ie
cognoisse
une
merveilleuse
misericorde
de
laquelle
tu
as
use
envers
moy:
et
toutesfois
dit-il,
si
faut-il
que
maintenant
i'y
retourne
encores.
Ainsi
apprenons
que
si
Moyse,
un
homme
de
Dieu,
voire
et
qui
ha
un
tesmoignage
si
excellent
du
sainct
Esprit,
en
priant
n'a
point
allegue
ses
merites,
et
ne
s'est
vante
de
nulle
dignite
qu'il
a
eu
de
sa
part:
par
plus
forte
raison
il
nous
faut
confesser
que
nous
sommes
plus
qu'indignes
de
prier
Dieu,
et
qu'il
nous
faut
demettre
et
despouiller
de
tout
orgueil,
quand
il
est
question
de
venir
a
luy:
que
nous
ne
presumions
rien
qui
soit
de
nos
personnes.
Voila
pour
un
item.
Au
reste,
si
nous
sommes
indignes
de
prier
:
nous
aurons
bien
dequoy
estre
hardis
en
tant
de
benefices
que
nous
avons
receus
de
la
main
de
Dieu.
Car
quand
il
a
estendu
sa
main
iusques
a
nous,
ce
n'est
pas
Calvini
opera.
Voi.
XXVI.
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