35:8 est certain que nous voulons estre iustes par dessus luy. Il est vray que nous ne le dirons pas, et aussi nous n'en aurons pas une telle persuasion en nous: mais la chose le monstre: cela suffit pour nostre condamnation quand nous ne donnons point gloire a la iustice de Dieu, pour le iustifier. Cecy sera mieux entendu par l'exemple. Voicy Iob qui cognoist que Dieu est iuste, voire il le cognoist sans feintise: quant a luy il se confese un povre pecheur, et qu'il y a beaucoup a redire en luy, et mesmes s'il veut quereller contre Dieu, qu'il sera convaincu mille fois devant qu'il ait respondu a un seul article. Iob donc ne se veut pas directement iustifier par dessus Dieu, ny mesmes faire egal. Or cependant que dit-il? Ie m'esbahi pourquoy Dieu m'afflige ainsi, et qu'y a-il a redire en moy? Et puis, Ie suis une povre creature, pleine d'infirmite: et faut-il que Dieu desploye son bras robuste contre moy? Que ne me fait-il mourir du premier coup? Quand Iob s'abandonne ainsi a tant de murmures et despitemens, il n'y a nulle doute qu'il ne se face iuste par dessus Dieu. Et pourquoy? Il luy semble que Dieu n'a point de raison de l'affliger ainsi: et pource qu'il ne cognoist point pourquoy cela se fait, il ne demande sinon que Dieu vienne la comme sa partie adverse. Et puis il se despite en second lieu, de ce que Dieu ne le consume pas du premier coup, et qu'il ne l'envoye aux abysmes. Quand done Iob a des passions si vehementes, ii n'y a nulle doute qu'en ce faisant il ne se face iuste par dessus Dieu. Et c'est ce que i'ay desia dit, que nous blasphemerons souvent en nos passions sans y penser: et cela nous doit rendre tant plus avisez de ne point lascher la bride a nos passions a fin de n'estre point si miserables que de blasphemer Dieu sans que nous y pensions. Ceste doctrine donc nous est bien utile. Quand le sainct Esprit prononce que tous ceux qui se despitent et murmurent en leurs afflictions, tous ceux qui ne se peuvent assuiettir a la main forte de Dieu pour confesser que tout ce qu'il fait est iuste et raisonnable, que tous ceux-la se font iustes par dessus Dieu : et encores qu'ils ne le disent pas, mais qu'ils protestent cent fois qu'ils ne le voudroyent iamais penser, la chose est telle neantmoins. Et voicy un iuge competent qui en a donne l'arrest, il n'est point question de regimber a l'encontre: car nous n'y gaignerons rien. Ainsi donc que reste-il, sinon que nous apprenions de nous condamner devant toutes choses, et quand nous venons devant Dieu, que tousiours nous apportions nostre procez fait pour dire que nous sommes povres pecheurs? et au reste quand les iugemens de Dieu qu'il exercera sur nous, nous sembleront trop aigres, que nous les portions patiemment, sans faire plus grandes enquestes. Si nous trouvons estrange que Dieu