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VIE
DE
CALVIN
80
L'an
1555,
les
meschans,
desquels
le
susdit
Amied
Perrin
et
autres
ses
complices
s'estoyent
constituez
comme
chefs,
voyans
qu'ils
n'avoyent
peu
l'an
passe
abbattre
l'authorite
du
Consistoire,
se
delibererent
de
proceder
par
violence
et
executer
leur
entreprinse.
Ils
prenoyent
leur
couleur
sur
ce
que
plusieurs
Francois
estoyent
venus
habiter
en
la
ville,
et
qu'il
estoit
a
craindre
qu'ils
ne
la
trahissent.
Cependant
leur
intention
estoit
d'oster
tous
les
bons,
qui
estans
en
quelque
partie
du
gouvernement
leur
nuisoyent,
ensemble
plusieurs
des
Francois,
et
de
changer
l'estat
de
la
ville
et
de
l'Eglise
a
leur
plaisir.
Mais
Dieu
voulut
qu'ils
se
mirent
apres,
un
soir,
et
commencerent
ceste
esmotion:
dont
lesdits
chefs
se
trouverent
bien
mal,
et
n'eurent
meilleur
expedient,
que
bien
tost
apres
gagner
au
pied,
laissans
leur
honneur
en
gage,
et
se
doutans
bien
que
leur
vie
y
pendoit.
Dieu
sait
si
Calvin
pour
un
tel
dangier
(car
il
estoit
bien
pour
le
moins
des
premiers
a
qui
en
vouloyent
lesdits
coniurateurs)
ne
devant
qu'il
fust
descouvert
ni
apres,
fut
en
rien
refroidi
de
faire
courageusement
et
prudemment
son
office
*).
Or
la
descouverte
de
ceste
conspiration
vint
a
un
grand
avancement
de
l'Eglise
de
Dieu.
Car
le
peuple
en
fut
rendu
plus
obeissant
a
la
parole
de
Dieu,
la
saincte
reformation
en
fut
mieux
observee,
et
les
scandales
deuement
punis
et
reprimez.
Dont
le
bon
homme
s'esiouissoit
au
Seigneur.
Et
de
fait,
on
s'apperceut
bien
que
l'alaigresse
que
il
concevoit
de
voir
les
choses
mieux
reiglees,
faisoit
qu'il
se
portoit
mieux
quant
a
sa
sante,
et
luy
augmentoit
tousiours
le
courage
de
servir
songneusement
l'Eglise.
Vray
est
que
ladite
conspiration
et
coniuration
attira
avec
soy
une
infinite
de
dangers
et
travaux
:
mais
a
la
fin
le
Seigneur
par
sa
grande
misericorde
et
[e
3]
par
la
prudence
de
son
serviteur
amena
la
chose
a.
telle
issue
qu'on
la
voit,
c'est
a
dire
a
la
plus
grande
tranquilite
et
felicite
qu'ait
iamais
sentie
ceste
Cite.
En
ceste
annee-la,
le
20.
de
Mars,
il
commenca
le
livre
du
Deuteronome
aux
sermons
ordinaires
de
sa
sepmaine:
et
pour
les
Dimanches
print
la
2.
a
Thimothee,
le
21
d'Avril:
et
puis
suivit
l'Epistre
a
Tite:
et
apres
ceste-la,
commenca
l'Epistre
premiere
aux
Corinthiens,
le
20.
d'Octobre.
Il
fit
aussi
imprimer
son
Commentaire
sur
les
trois
Evangelistes
conioincts
ensemble
pour
monstrer
le
bon
accord
qu'ils
ont
entrer
eux.
Au
reste
pour
les
vendredis
en
la
Congregation,
on
print
le
livre
des
Pseaumes.
De
ce
temps-la
fut
descouvert
un
certain
Iurisconsulte
de
ces
quartiers,
nomme
Matthieu
Gripalde,
seigneur
de
Farges,
tenant
des
erreurs
de
Servet
et
en
semant
ca,
et
la,
couvertement.
Iceluy
lors
1)
sa
charge
F.
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