15:79 79 EPISTOLAE 1929-1930 80 La dilection de Dieu nostre pere et la grace de nostre Seigneur Iesus Christ soit tousjours sur vous par la communication du Saint Esprit. Treschers freres, nous avons a louer Dieu de ce que aux troubles qui regnent auiourdhuy par tout le monde, il vous a donne quelque retraicte ou vous le puissiez servir et adorer en liberte. Et non seulement cela, mais aussi vous a donne le moyen de vous assembler en son nom, vous exercer a ouyr sa parolle, linvoquer dun commun accord, et faire confession pure de vostre foy. Ce nest pas une petite grace, attendu les horribles confusions quon voit par tout. Il reste que vous en faciez vostre proffit, et que vous soyez tant plus ardans a glorifier celuy qui vous a eslargi un tel don pour le faire fructifier. Quant a la forme duser des Sacremens, ce nest pas sans cause que vous en avez quelque doubte et scrupule. Car il ny a rien meilleur que de nous tenir a la pure simplicite que nous tenons du filz de Dieu, duquel lordonnance nous doibt estre pour reigle unique, comme aussi lusaige des Apostres y a este du tout conforme. Et de fait si tost quon en decline tant peu que ce soit, ie meslinge quon y apporte du coste des hommes ne peut estre que corruption. Mais il nous semble que vostre condition est diverse de celle des Pasteurs du lieu et de tout le corps du peuple. Si les Pasteurs fay soyent leur debvoir, ilz mettroyent peine de retrancher les superfluitez qui ne servent rien a edifier, mesme plustost obscurcissent la clarte de lEvangile. Les gouverneurs aussi de leur coste y debvroyent bien avoir esgard. Cest doncques ung vice a condamner quant a eux, de ce qui nourrissent ces menuz fatras qui sont comme un residu des superstitions papales desquelles nous debvons tascher dexterminer la memoyre entant quen nous est. Mais pour autant que vous nestes quun membre particulier, non seulement vous povez licitement, mais aussi debvez supporter et souffrir telles infirmitez quil nest pas en vous de corriger. Nous nestimons pas que davoir des chandelles allumees en la Cene et du pain figure, soyent choses indifferentes pour y consentir ny les approuver, mais trop bien pour saccommoder a lusaige qui en sera desia receu, quand nous navons pas lauthorite pour y remedier. Sil estoit question de recevoir yci telles ceremonies, nous serions contraintz et tenus selon le lieu auquel Dieu nous a constitues dy resister iusques au bout, et de maintenir constamment la purete dont lEglise qui nous est commise est desia en possession. Mais quand nous viendrions en quelque lieu ou ii y auroit forme diverse, il ny a celuy de nous qui par despit dune chandelle ou dune chasuble se voulut separer du corps de lEglise, et par ce moien se priver de lu-