4:78
sont
delivrez
de
la
servitude
de
peche
par
la
regeneration:
non
point
pour
ne
sentir
nulle
fascherie
--------------------
ne
medite
autre
chose
que
la
beatitude
du
Royaume
celeste,
et
aspire
entierement
a
la
compaignie
de
Dieu,
d'autant
qu'elle
demeure
encores
en
son
naturel,
estant
empeschee
en
fange
terrienne,
enveloppee
en
mauvaises
cupiditez,
elle
ne
voit
point
ce
qui
est
desirable
et
ou
gist
la
vraye
beatitude
;
estant
detenue
par
le
peche
elle
est
destournee
de
Dieu
et
de
sa
iustice.
De
la
vient
un
combat,
lequel
exercite
l'homme
fidele
toute
sa
vie,
entant
que
par
l'Esprit
il
est
esleve
en
hault,
par
la
chair
destourne
en
bas;
selon
l'Esprit
il
tend
d'un
desir
ardent
a
l'immortalite,
selon
la
chair
il
est
desvoye
en
voye
de
mort;
selon
l'Esprit
il
pense
a
iustement
vivre,
selon
la
chair
il
est
sollicite
a
iniquite;
selon
l'Esprit
il
est
conduict
a
Dieu,
selon
la
chair
il
est
retire
en
arriere;
selon
l'Esprit
il
contemne
le
monde,
selon
la
chair
il
appete
les
delices
mondaines.
Ce
n'est
point
une
speculation
frivole
dont
nous
n'ayons
nulle
experience
en
la
vie,
mais
c'est
une
doctrine
de
praticque
laquelle
nous
experimentons
de
vray
en
nous,
si
nous
sommes
enfans
de
Dieu.
(1541
p.
82;
1545
p.
82;
1551
s.
Ch.
ll.
§.
62).-'
Nous
voyons
donc
que
la
chair
et
l'Esprit
sont
comme
deux
combatans,
lesquelz
separent
en
diverses
parties
l'ame
fidele,
faisans
en
elle
une
bataille,
dont
toutesfois
l'issue
est
telle,
que
l'Esprit
est
superieur.
Car
quand
il
est
dict,
que
la
chair
destourne
l'ame
de
Dieu,
la
retire
d'immortalite,
l'empesche
d'ensuyvre
sainctete
et
iustice,
l'esloigne
du
Royaume
de
Dieu,
il
ne
fault
pas
entendre,
qu'elle
ait
si
grande
vigueur
en
ses
tentations,
qu'elle
renverse
et
destiuise
l'oeuvre
de
l'Esprit
et
qu'elle
estaingne
sa
vertu.
Ia
n'advienne.
Quoy
donc?
quand
la
chair
s'efforce
d'abatre
l'homme,
elle
l'appesantit;
quand
elle
le
veut
destourner
de
son
chemin,
elle
la
retarde
et
empesche;
quand
elle
veut
estaindre
d'iceluy*)
toute
amour
de
iustice,
elle
la
diminue
aucunement;
quand
elle
s'efforce
de
la
supprimer
du
tout,
elle
la
faict
aucunement
fleschir.
En
telles
difficultez
il
fault
que
le
serviteur
de
Dieu
soit
tellement
anime,
que
du
principal
desir
de
son
coeur
et
de
la
principalle
affection,
il
aspire
a
Dieu,
s'estudie
et
efforce
de
le
chercher,
et
continuellement
gemisse
et
souspire
de
ce
qu'il
est
empesche
de
sa
chair
a
ne
poursuyvre
sa
course
comme
il
debvroit.
C'est
ce
qu'entend
Sainct
Paul
quand
il
dit,
que
si
nous
sommes
filz
de"
Dieu,
nous
ne
cheminons
point
selon
la
chair,
mais
selon
l'Esprit
(Rom.
8,
4).
Ayant
descrit
le
combat,
il
signifie
que
l'Esprit
de
Dieu
doibt
avoir
du
meilleur,
pour
obtenir,
victoire.
Maintenant
il
est
facile
de
voir
quelle
difference
il
y
a
entre
l'homme
naturel
et
regenere.
L'homme
naturel
est
bien
pique
et
aiguillonne
en
sa
conscience,
pour
ne
s'endormir
point
du
tout
en
ses
vices,
neantmoins
il
ne
laisse
point
de
s'y
complaire
de
tout
son
coeur,
y
prendre
sa
volupte,
leur
lascher
voluntiers
la
bride,
ne
craignant
autre
chose
que
la
peine,
laquelle
il
voit
estre
preparee
a
tous
pecheurs.
L'homme
regenere,
de
la
principalle
partie
de
son
coeur,
adherant
a
la
iustice
de
la
loy,
naist
et
a
en
execration
le
peche
qu'il
commet
par
son
im-
r
becilite,**)
il
s'y
desplaist
et
n'y
a
point
son
consentement,
mais
plustost
prend
plaisir
et
delectation
en
la
loy
de
Dieu,
et
y
trouve
plus
de
doulceur***)
qu'en
toutes
les
voluptez
du
monde.
D'avantage,
iamais
ne
peche
de
son
propre
sceu,
que
ce
ne
soit
contre
son
coeur.
Car
non
seulement
sa
conscience
repugne
au
mal,
mais
aussi
une
partie
de
son
affection.
.
Maintenant
suivent
dans
les
editions
de
1545
(p.
83
s.)
et
de
1551
et
suiv>
(Ch.
ll.
§.
63)
les
paragraphes
inseres
dans
te
texte
de
1559.
Ils
ne
se
trouvent
pas
dans
Ved.
de
1541.
L'ancienne
traduction
n'est
pas
changee
pour
ces
paragraphes
dans
la
redaction
definitive.
*)
1551:
en
iceluy
tout
amour.
**)
1545:
imbecillite.
***)
1545:
douceur.
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