23:777 777 SERMONS. 778 de ce passage. Or il est dit la dessus qu'Abraham a leve les yeux et a regarde, et voici un mouton qui estoit entortille par les cornes. Abraham est alle et Ta pris, et Ta offert*en sacrifice au lieu de son fils Isaac. Ici nous voyons que Dieu s'est contente de l'obeissance d'Abraham, qu'il n'a pas exige de luy qu'il tuast son fils. Il est vray qu'il luy avoit commande, car il faloit aussi qu'Abraham s'y apprestast: mais quand c'est venu au faict, Dieu a declaire son conseil, c'est assavoir, que seulement il avoit voulu appeler Abraham a cest examen de foy et de patience, et qu'il [pag. 293] fust prest de renoncer a l'amour paternelle qu'il portoit a Isaac, et a tout ce qu'il en avoit attendu, ne cerchant autre chose sinon la verite de Dieu: voire et en la cerchant qu'il ne regardast pas aux moyens qui luy pouvoyent estre cognus et visibles: mais cognoissant qu'elle avoit son effect, combien que tout y contredit. Voila donc pourquoy ce mouton est offert en sacrifice et non pas Isaac. Or cependant nous avons a noter que Dieu a donne ce mouton a Abraham, a fin qu'il luy en rendist louange solennelle de la grace qu'il luy avoit faite outre son espoir. Il est vray que Dieu se fust bien contente de la foy d'Abraham: mais si est-ce qu'il veut qu'il y ait sacrifice pour tesmoignage plus certain: comme de ce temps-la l'usage en estoit entre les peres anciens, et c'estoit en attendant la venue de nostre Seigneur Iesus Christ. Car auiourd'huy il n'est pas licite d'offrir ni moutons, ni veaux a Dieu: ce seroit deroguer a la mort et passion de son fils unique, en laquelle nous avons un sacrifice perpetuel, et qu'il n'est pas licite de reiterer. Ainsi donc auiourd'huy toutes les figures et ceremonies sont passees. Il suffit que nous protestions combien nous sommes tenus et obligez envers Dieu pour tous ses benefices: que chacun en son prive les recognoisse, et qu'apres estans [pag. 294] asseurez nous protestions aussi d'une bouche et d'un courage que nous tenons tout de luy. Mais alors il falloit (comme i'ay dit) que les peres s'exercassent en ceste facon de sacrifier: et c'estoit pour monstrer que nulles actions de graces ne peuvent estre acceptees de Dieu, sinon par le moyen de nostre Seigneur Iesus Christ: comme auiourd'huy l'Apostre nous ramene a, ceste verite la. au dernier chapitre de l'Epistre aux Hebrieux, quand il est dit que par Iesus Christ nous offrons auiourd'huy les sacrifices de louanges, qui sont les veaux de nostre bouche. Il monstre par cela que ies sacrifices n'ont rien este, sinon pour la fin ou iis tendoyent. Et au reste, si nous n'avions le sang de nostre Seigneur Iesus Christ, et que nos prieres et actions de graces fussent purifiees par luy, il est certain que rien ne pourroit sortir de nous qui ne fust pollu. Car d'autant que nous sommes pleins