8:774 ou est au long comprise et recitee la doctrine chrestienne de la Trinite et la condamnation des heresies contraires a icelle doctrine. Item et pourtant est chose toute manifeste que ledict Servet est des plus audacieux, temeraires et pernicieux heretiques qui furent iamais: attendu que ne se contentant du mal quil a faict, il veult encores subvertir tout ordre de iustice et oster le glaive et droit de punition aux Magistratz, qui leur a este donne de Dieu. Mais il ne s'en fault esbair. Oar sa conscience mesmes le condamne et argue digne de mort. Et pour cela eviter, il a voulu prevenir en mettant en avant une telle faulse doctrine de ne punir les criminelz a la mort. Item pour le demonstrer encores mieux en son Epistre 27 *) il dict qup le iugement rigoreux de mort a este remis et aboly par Christ. Et a ce propoz il allegue et destorne l'histoire de la femme adultere en S. Iean, et le passage de Anania et Saphira au 5 chapitre des Actes, disant que pour punir de mort il fault une specialle revelation du S. Esprit. Item ce qu'il dict davantage par sa requeste, qu'il a reprouve la doctrine des Anabaptistes seditieux contre les Magistratz, c'est aussi pour prevenir et preoccuper vostre iugement,2) parce qu'il scaict bien qu'il est coulpable non seullement de l'erreur des Anabaptistes, mais de beaucoup plus grandes. Et davantage ne scauroit monstrer un seul passage ou il aict reprouve lesdictz Anabaptistes. Item est une evidente menterie ce qu'il dict n'avoir iamais communique de sa doctrine a personne qu'a Bucerus, Capito et Oecolampade. Car luy mesmes a dict sur le 10 Interrogat, qu'il penseroit offenser Dieu s'il avoit cache et non communique aux aultres ce que Dieu luy avoit revelle. Item aussi est bien convaincu d'en avoir escrit a Mr. Calvin3) et a Mre. Abel popin. Et s'il a este tant hardy et temeraire d'en escrire de sa main propre, comment est ce qu'on le croira de n'en avoir parle a personne depuis trente ans qu'il a entrepris de traicter et faire imprimer ces horribles heresies. Considere aussi son aage de vingt ans, auquel il a commence, auquel aage les ieunes gens ne se peulvent garder de communiquer a leurs compagnons ce qu'ilz scavent et estudient. Parquoy on peult bien iuger de quelle conscience ledict Ser- 1) Ce passage de Servet est aussi cite tout au long et combattu par Calvin, Defensio p. 8 ss. 2) Ces mots: c'est aussi . . . iugement, manquent dans Trechsei 3) Cf. Calvin. Des ens. p. 37: Lugduni quum esset, tres mihi quaestiones, quasi illudens, solvendas misit. Quod illi non satisfecit mea responsio, miratus non sum. 49*