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lant
tuer
son
fils.
Voila
Abraham
qui
a
quitte
son
parentage,
et
le
lieu
de
sa
naissance,
il
s'est
laisse
gouverner
a
Dieu
ne
sachant
ou
il
alloit,
il
a
este
tracasse
par
tout
le
pays
de
coste
et
d'autre,
la
famine
l'a
chasse
en
Egypte,
il
est
tormente
tant
et
plus,
en
sorte
qu'il
semble
que
Dieu
a
tousiours
la
main
levee,
et
le
fouet
au
poing
pour
frapper
dessus.
Et
cela
n'a
pas
dure
seulement
un
an
ou
deux
:
mais
il
ne
cesse
par
l'espace
de
trente
et
quarante
ans
d'estre
ainsi
afflige,
qu'il
sembloit
que
Dieu
le
foulast
aux
pieds
chacun
iour.
A-il
tant
endure?
A-il
une
constance
si
victorieuse,
que
nous
sommes
contraints
de
nous
en
esmerveiller?
Encores
Dieu
dit
qu'il
a
cognu
au
besoing
s'il
l'aimoit
ou
non.
Et
que
sera-ce
donc
quand
chacun
de
nous
se
sera
acquitte
aucunement
de
son
devoir:
et
que
sous
ombre
de
cela
nous
aurons
pris
licence
de
nous
tenir
a
nostre
aise
et
en
repos,
et
que
nous
vueillons
entrer
en
conte
avec
Dieu,
pour
dire
qu'il
ne
doit
pas
nous
poursuivre
plus
outre?
Notons
bien
donc,
que
ce
n'est
pas
a
nous
de
mettre
fin
ne
mesure
a
tous
les
exercices
de
nostre
foy,
pour
dire
que
quand
nous
aurons
employe
toutes
[pag.
287]
nos
forces
pour
l'honneur
de
Dieu,
nous
pensions
que
c'est
assez
fait,
et
que
les
autres
peuvent
bien
entrer
en
reng,
et
que
nous
pouvons
nous
tenir
comme
francs
et
quittes.
Or
ce
n'est
pas
a
nous
d'en
venir
la.
Et
pourquoy?
Car
Dieu
se
reserve
ceste
cognoissance
et
iugement.
Et
nous
voyons,
puis
qu'il
proteste
qu'il
n'a
point
encores
cognu
qu'Abraham
l'aimast,
en
cela
il
declaire
qu'il
n'en
avoit
point
encores
approbation
suffisante,
combien
qu'il
eust
tant
endure,
combien
qu'il
eust
monstre
un
si
grand
zele,
et
qu'il
eust
persiste
par
si
longue
espace
de
temps.
Cognoissons
donc
que
quand
nous
pourrions
cent
fois
plus
que
nul
denous
ne
peut
monstrer,
encores
faut-il
marcher
plus
outre:
et
estre
la
prompts
et
diligents,
iusques
a
ce
que
Dieu
declaire
qu'il
a
cognu
et
qu'il
se
contente.
Voila
donc
pour
un
Item.
Or
il
y
a
aussi
a
noter,
que
le
principal
service
que
Dieu
demande
c'est
que
nous
l'aimions:
car
la
crainte
servile
ne
seroit
rien
quand
nous
tremblerions
devant
sa
maieste,
et
puis
que
nous
ferions
ce
qu'il
nous
commande
maugre
nous.
Dieu
reprouveroit
tout
cela.
Il
est
vray
que
quelquefois
encores
semblera-
il
qu'il
accepte
une
obeissance
forcee:
mais
ce
n'est
pas
qu'il
l'approuve.
Cela
se
fait
pour
l'exemple:
et
cependant
il
reiecte
les
personnes,
quand
[pag.
288]
elles
n'ont
pas
une
volonte
franche
et
liberale.
Le
principal
donc
de
nostre
vie,
c'est
que
nous
aimions
Dieu:
comme
aussi
il
le
declaire
au
sommaire
de
la
Loy:
Tu
aimeras
le
Seigneur
ton
Dieu,
dit-il.
Il
pouvoit
user
du
mot
de
crainte:
mais
ce
n'eust
pas
este
assez
(car
comme
i'ay
dit),
nous
ne
servirions
Dieu
qu'a
demi,
quand
nous
ne
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