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SERMONS.
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ceste
[pag.
284]
resolution,
que
Dieu
luy
pouvoit
ratifier
la
promesse
encores
que
son
fils
Isaac
fust
mort,
et
qu'il
luy
pouvoit
susciter
salut
des
cendres
qui
eussent
este
faites
de
son
corps.
Mais
tant
y
a
neantmoins
qu'il
semble
qu'il
y
ait
ici
quelque
diversite
entre
ces
deux
sentences
de
Dieu,
et
cependant
voici
qui
nous
peut
oster
de
toutes
doutes
et
scrupules
que
nous
pourrions
avoir
sur
cela
quand
il
est
dit,
que
Dieu
a
voulu
esprouver
la
foy
d'Abraham.
Et
nous
faut
bien
noter
ce
qu'il
dit:
Pay
cognu
que
tu
m'aimes,
quand
tu
n'as
point
espargne
ton
fils
unique.
Quand
Dieu
dit
qu'il
a
cognu,
ce
n'est
pas
que
toutes
choses
ne
luy
soyent
presentes,
car
il
sonde
les
coeurs
et
les
pensees
les
plus
secrettes:
il
n'y
a
rien
qui
luy
soit
cache:
et
quelque
hypocrisie
qu'il
y
ait
en
nous,
tant
y
a
que
tousiours
cela
luy
est
reserve,
qu'il
void
tout
ce
qui
est
le
plus
profond
en
toutes
nos
pensees:
comme
Ieremie
en
parle
au
dixseptieme
chapitre.
Car
la
il
dit
que
les
hommes
sont
si
tortus,
et
qu'ils
ont
tant
de
retraites
eu
eux-mesmes,
qu'il
semble
que
ce
soit
un
abysme
que
de
leur
coeur.
Mais
tant
j
a,
dit-il,
qu'ils
ne
tromperont
point
Dieu,
combien
qu'ils
se
deguisent,
et
qu'ils
se
transfigurent,
et
qu'ils
ayent
tant
de
mensonges,
pour
se
cacher
devant
le
monde,
si
faut-il
que
Dieu
tousiours
retiene
son
office,
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285]
Puis
qu'ainsi
est,
il
est
certain
que
Dieu
n'attend
pas
que
nous
luy
monstrions
exterieurement
ce
qui
est
en
nous.
Mais
encores
qu'il
ne
voye
ne
pieds
ne
mains
si
sait-il
ce
que
nous
avons
et
de
pensees
et
d'affections.
Mais
ii
parle
ainsi
a
la
facon
commune,
qu'il
cognoit
ce
qui
est
esprouve,
non
pas
seulement
d'autant
qu'il
nous
le
faict
cognoistre
comme
aucuns
l'ont
expose:
cela
est
trop
maigre:
mais
c'est
d'autant
qu'il
esprouve
de
fait
ce
qui
estoit
auparavant
en
doute.
Voila
donc
quant
a
ce
mot.
Or
venons
a
l'amour
dont
il
parle:
I'ay
cognu
que
tu
m'as
aime,
dit-il.
Et
comment?
Abraham
n'avoit-il
pas
desia
donne
auparavant
assez
d'approbation?
Car
nous
savons
que
Dieu
l'avoit
examine
en
plusieurs
sortes.
Mais
ceci
defailloit
encores,
et
nous
n'en
pourrions
pas
iuger
selon
nostre
sens.
Mais
puis
que
Dieu
en
a
ainsi
prononce,
tenons-nous
a
son
arrest.
Et
ainsi
c'est
un
point
qui
est
encores
bien
notable:
quand
nous
aurons
chemine
en
la
crainte
de
Dieu,
et
que
nous
aurons
tesmoigne
pour
quelque
temps
que
nous
desirons
de
le
servir
et
honorer,
chacun
voudroit
prendre
son
conge,
pour
dire:
O
i'en
ay
assez
fait,
et
qu'est-ce
que
Dieu
requiert
d'avantage?
Voila
comme
nous
voudrions
conter
avec
Dieu,
en
telle
sorte
que
si
nous
luy
avons
fait
quelque
service,
qu'il
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286]
nous
quitast,
et
qu'il
ue
nous
pressat
point
davantage.
Mais
regardons
si
nous
sommes
pareils
a
Abraham,
encores
que
nous
laissions
cest
acte
qu'il
a
fait
vou-
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