23:772
que
si
ceste
loge
est
abattue,
qui
n'est
sinon
que
de
fueilles
et
matiere
caduque,
que
nous
avons
un
edifice
au
ciel
qui
est
beaucoup
meilleur:
voila
qui
nous
fera
[pag.
282]
prendre
la
mort
en
gre,
et
mesmes
que
nous
venions
devaut
Dieu
la
teste
levee,
cognoissant
que
nous
sortons
comme
d'une
prison:
car
ceste
maudite
captivite
laquelle
chacun
doit
sentir
en
soy,
iamais
ne
cessera
iusques
a
tant
que
Dieu
nous
ait
despouillez
de
ceste
chair
corruptible.
Voila
donc
comme
il
nous
faut
resister
a
nos
affections
humaines,
a
fin
de
nous
laisser
gouverner
a
Dieu,
tellement
qu'il
soit
Seigneur
et
maistre
de
nostre
vie.
Or
comme
nous
avons
a
faire
tels
efforts,
aussi
d'autre
coste
ne
perdons
point
courage,
combien
qu'il
y
ait
quelque
infirmite
en
nous,
qui
nous
retiene.
Et
quand
il
sera
question
de
la
mort,
que
nous
serons
effrayez,
que
nous
voudrions
bien
flechir,
ou
reculer
s'il
nous
estoit
possible:
quand
donc
nous
sentirons
de
tels
combats,
ne
pensons
pas
que
Dieu
n'accepte
nostre
service,
moyennant
que
nous
mettions
peine
a
domter
ce
qui
est
de
nostre
chair:
et
que
nous
facions
tousiours
ceste
conclusion,
combien
que
nous
soyons
esbranlez
de
coste
et
d'autre,
que
nous
revenions
tousiours
la,
Dieu
m'a
donne
la
vie:
il
faut
que
ie
la
resigne
entre
ses
mains:
et
puis
il
veut
que
ie
m'employe
vivant
et
mourant
a
son
service:
et
si
son
nom
est
glorifie
par
ma
mort,
qu'ainsi
soit,
et
que
ie
passe
par
la.
Si
donc
nous
pouvons
gagner
cela
sur
[pag.
283]
nous,
Dieu
acceptera
le
service
que
nous
luy
faisons
comme
valable,
encores
qu'il
nous
salle
ahanner
et
suer
(par
maniere
de
dire)
d'autant
qu'en
nostre
nature
il
y
aura
tousiours
quelque
rebellion.
Or
la
dessus
il
est
dit
que
l'Ange
s'est
escrie
du
ciel
a
Abraham,
et
luy
a
deffendu
d'attoucher
a
l'enfant.
Et
pourquoy?
I'ay
cognu,
dit-il,
que
tu
m'aimes,
d'autant
que
tu
n'as
point
espargne
ton
fils
unique
a
cause
de
moy.
Ici
Dieu
declaire
quand
il
a
commande
a
Abraham
de
tuer
son
fils,
que
ce
n'a
pas
este
qu'il
fust
repugnant
a
soy-mesme,
veu
qu'il
luy
avoit
donne
Isaac:
qu'il
ne
vouloit
pas
que
sa
promesse
perist
et
fust
abolie,
mais
seulement
qu'il
a
voulu
esprouver
sa
foy.
Voici
donc,
le
premier
poinct
que
nous
avons
a
retenir,
c'est
que
Dieu
monstre
ici
son
intention,
et
a
quelle
fin
il
a
voulu
qu'Isaac
luy
fust
offert
en
sacrifice.
Ce
n'est
pas
que
de
faict
il
l'appellast
a
la
mort,
mais
il
vouloit
examiner
la
constance
d'Abraham
:
comme
nous
avons
veu
aussi
au
premier
verset
de
ce
chapitre.
Que
Dieu
a
tente
Abraham
plus
que
iamais.
Or
ce
point-ci
nous
est
bien
utile,
car
c'estoit
pour
troubler
et
Abraham,
et
tout
)e
monde:
de
dire
que
Dieu
se
fust
ainsi
contrarie,
comme
l'apparence
y
estoit.
Et
de
fait,
il
a
bien
fallu
(comme
nous
avons
monstre)
qu'Abraham
prist
|