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77
SUR
LE
DEUTER.
CHAR
III.
78
nos
affections,
encores
qu'il
n'y
ait
point
apparence
de
mal
:
par
plus
forte
raison
que
nous
avisions
bien
de
ne
point
ietter
nos
bouillons,
quand
nous
serons
solicitez
a
mal,
et
que
nous
serons
transportez
de
nos
convoitises
charnelles,
que
tout
cela
soit
amorti:
veu
qu'il
ne
nous
est
pas
licite
mesmes
de
souhaitter
ce
qui
sera
bon,
sinon
que
nous
ayons
le
conge
de
Dien.
Mais
sur
tout,
quand
il
est
question
de
prier,
il
nous
faut
observer
ceste
doctrine.
Car,
comme
i'ay
dit,
le
fondement
de
toutes
nos
prieres,
est
la
foy:
et
qu'emporte-elle?
C'est
que
nous
oyons
Dieu
parler.
Si
nous
prions
a
l'aventure,
estans
en
doute
d'obtenir
et
d'impetrer
ce
que
nous
requerons,
il
n'y
aura
que
feintise,
et
nous
ne
profiterons
rien,
dit
l'Escriture.
Il
est
donc
question
que
nous
soyons
asseurez,
quand
nous
venons
devant
Dieu,
que
nous
ayons
ceste
certitudela,
que
ce
n'est
pas
en
vain,
et
que
nous
ne
serons
point
frustrez
en
le
requerant.
Et
voila
en
quoy
les
Oraisons
des
Chrestiens
different
d'avec
celles
des
incredules.
Car
les
incredules
auront
bien
leur
refuge
a
Dieu,
et
le
requerront
de
ceci
et
de
cela:
mais
quoy?
ils
sont
en
bransle,
et
ne
savent
s'ils
obtiendront
ou
non.
Car
ils
ne
s'attendent
point
aussi
aux
promesses.
Mais
de
nostre
coste,
il
nous
faut
estre
certifiez
de
l'amour
de
nostre
Dieu:
et
qu'il
est
beaucoup
plus
prest
a
nous
exaucer,
que
nous
ne
serons
point
a
le
requerir:
mesmes
qu'il
vient
au
devant
de
nous,
comme
il
est
pitoyable,
et
comme
il
regarde
nos
miseres,
et
nos
necessitez
pour
y
subvenir.
Il
nous
faut
donc
estre
tout
persuadez
de
cela,
quand
nous
prions.
Or
comment
le
saurons-nous?
Il
ne
faut
pas
qu'un
chacun
se
face
accroire
qu'il
tiendra
Dieu
oblige,
et
qu'il
le
fera
passer
par
tous
ses
desirs.
Quelle
audace
seroit-
ce?
Et
quel
honneur
resteroit-il
plus
a
Dieu,
si
chacun
disoit:
Ie
cuide
que
Dieu
fera
ce
que
ie
luy
veux
demander.
Mais
il
nous
faut
estre
appuyez
sur
ses
promesses.
Voila
donc
la
foy
qui
est
requise
en
nos
oraisons,
c'est
assavoir,
que
nul
ne
s'ingere
de
son
propre
mouvement
:
mais
qu'ayans
la
promesse
par
laquelle
Dieu
nous
convie
a
soy,
nous
venions
hardiment,
ne
doutans
pas
qu'il
ne
nous
soit
fidele.
Puis
qu'ainsi
est,
il
nous
faut
maintenant
noter,
que
toutes
nos
oraisons
sont
vicieuses,
sinon
qu'elles
soyent
reiglees
a
la
volonte
de
Dieu.
Car
quand
nous
attentons
de
luy
demander
ce
qui
nous
vient
en
fantasie,
il
n'y
ha
plus
de
promesse
quand
nous
y
allons
a
l'esgaree.
Et
ainsi,
d'autant
que
nous
passons
nos
bornes,
ce
n'est
point
pour
nous
avancer.
Voila
donc
comme
en
priant
il
nous
faut
tousiours
discerner
de
ce
que
Dieu
nous
a
permis,
et
de
ce
qu'il
veut
que
nous
luy
demandions:
et
que
nous
ayons
ceste
modestie-la
et
sobriete
de
le
requerir
comme
si
son
Esprit
parloit
en
nous:
comme
s'il
nous
avoit
dicte
iuy-mes-
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