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SERMONS.
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Mon
fils,
me
voici.
Il
luy
dit
puis
apres:
Voici
le
bois,
voici
le
feu,
nous
allons
faire
sacrifice.
Et
dequoy?
car
il
n'y
a
point
de
beste,
dit-il,
pour
sacrifier.
Isaac
est
desia
bien
adverti
qu'ils
vont
faire
oblation
a
Dieu,
et
il
ne
sait
quelle
sera
ceste
oblation-la,
il
le
demande.
Estoit-il
possible
qu'Abraham
fust
tourmente
iusques-la,
et
qu'il
le
portast?
Mais
(comme
i'ay
dit)
Dieu
ne
l'a
en
rien
espargne,
a
fin
que
nous
prenions
tant
plus
de
courage
quand
il
sera
question
de
surmonter
tout
ce
qui
nous
pourroit
desbaucher,
et
qui
nous
pourroit
faire
eslongner
du
droit
chemin.
Voila
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir.
Il
est
vray
que
Moyse
fait
un
recit
tout
simple:
et
quand
nous
lirions
ces
choses
sans
penser
pourquoy
elles
sont
escrites,
il
est
certain
que
cela
s'en
iroit
tout
froidement,
et
que
nous
n'en
serions
pas
fort
esmeus.
Mais
quand
nous
aurons
bien
pense
en
quel
estat
pouvoit
estre
Abraham
et
quelle
destresse
il
souffroit
desia
en
son
coeur,
et
que
la
dessus
nous
viendrons
a
iuger
quand
ceci
luy
est
adiouste
de
nouveau:
quelle
angoisse
ce
luy
a
peu
estre
quand
son
fils
luy
a
dit:
Mon
pere,
voila
Abraham
qui
d'un
coste
regarde
la
simplicite
de
son
enfant,
et
puis
il
peut
penser,
Helas!
tu
ne
sais
a
[pag.
263]
quoy
tu
es
appreste.
Car
si
un
povre
homme
est
mene
a
la
mort,
et
qu'il
n'en
sache
rien,
encores
qu'il
nous
attouche
et
que
nous
ne
devions
pas
estre
presens,
mais
que
seulement
nous
ayons
ceste
apprehension:
Voila
un
povre
homme
qu'on
mene
a
la
boucherie
comme
un
agneau,
et
il
ne
s'en
doute
point:
si
nous
avons
ouy
parler
de
cela,
il
est
certain
que
la
seule
pensee
sera
pour
nous
faire
decouler
les
larmes
des
yeux.
Or
voici
Abraham
qui
void
son
fils,
et
puis
il
le
void
comme
un
agneau,
et
c'est
luy-mesme
qui
le
meine
a
la
boucherie,
c'est
luy
qui
luy
doit
couper
la
gorge,
c'est
luy
qui
le
doit
bruler
puis
apres:
et
son
fils
qui
est
la
luy
parle
si
simplement:
Et
ou
est
la
beste
pour
sacrifier?
brief,
nous.voyons
quand
auiourd'huy
Dieu
nous
envoyera
toutes
les
afflictions
que
nous
pouvons
imaginer,
que
ce
n'est
rien
au
pris
de
ce
qu'Abraham
a
soustenu.
Et
si
nous
alleguons
nostre
infirmite,
si
nous
disons
que
nos
passions
humaines
nous
transportent,
ne
pensons
pas
qu'Abraham
ait
este
de
fer
ni
d'acier
non
plus
que
nous:
mais
quoy
qu'il
en
soit,
si
est-ce
qu'il
s'est
resolu
de
donner
toute
maistrise
et
superiorite
a
Dieu,
et
de
s'assuiettir
en
telle
sorte
qu'il
renoncast
a
soy-mesme.
Voila,
diie,
ou
il
nous
faut
tendre
et
aspirer,
combien
que
nous
ayons
beaucoup
[pag.
264]
d'obstacles,
combien
qu'ii
semble
que
nous
ne
puissions
marcher
un
pas,
si
faut-il
nous
efforcer,
voire
outre
toutes
nos
forces.
Car
il
n'est
point
question
ici
d'y
aller
en
nostre
vertu,
comme
si
nous
estions
gens
bien
habiles:
mais
attendons
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