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que
nous
apprenions
d'avoir
tous
nos
sens
tellement
retenus
a
Dieu,
que
quand
[pag.
260]
les
hommes
nous
blasmeront
iniustement
nous
ne
soyons
point
destournez
pourtant
pour
flechir:
mais
que
nous
regardions
tousiours
le
chemin
qui
nous
est
propose.
Voila
aussi
que
nous
avons
a
recueillir,
quelle
vertu
il
y
a
eu
en
la
foy
d'Abraham
,
quand
il
a
este
ainsi
rassis,
qu'il
a
premedite
les
choses
comme
s'il
eust
este
a
son
aise.
Si
nous
avons
quelque
passion,
encores
que
nous
vueillons
bien
faire,
si
est-ce
que
nous
vaguerons
souvent,
et
tellement
eslourdis
que
nous
ne
saurons
par
ou
il
nous
faudra
commencer
ne
quel
ordre
nous
avons
a
tenir.
Nous
le
voyons
en
ceux
qui
sont
les
plus
magnanimes,
qu'encores
eo
perplexitez
ils
n'iront
pas
si
posement
qu'il
seroit
requis.
Or
il
falloit
bien
qu'Abraham
eust
un
esprit
areste
au
milieu
de
toutes
les
fantasies
qui
luy
venoyent
au
devant,
qu'il
pensoit,
Voici
mes
serviteurs
qui
me
pourront
empescher
en
cest
acte,
car
ils
estimeront
que
ie
soye
transporte
de
mon
sens:
il
faudra
au
lieu
de
lier
mon
fils
que
ie
soye
lie,
et
qu'ils
me
ramenent
maugre
que
i'en
aye
en
la
maison,
et
que
ie
soye
la
tenu
comme
une
beste
sauvage,
et
comme
si
Dieu
m'avoit
condamne
du
tout.
Abraham
prevoid
toutes
ces
choses.
Ainsi
nous
pouvons
iuger
par
la,
qu'au
milieu
de
ces
tenebres
il
a
este
esclaire
de
l'Esprit
de
Dieu,
tellement
qu'il
[pag.
261]
a
eu
tousiours
et
conseil
et
discretion
selon
qu'il
en
estoit
de
besoin.
Or
par
son
exemple
nous
sommes
advertis,
quand
nous
aurons
des
passions
grandes
qui
nous
pourroyent
estonner,
en
sorte
que
nous
ne
saurions
de
quel
coste
nous
tourner,
que
nous
prions
Dieu
qu'il
luy
plaise
de
nous
addresser:
et
s'il
y
a
des
confusions
quant
a
nostre
sens
naturel,
que
la
clarte
de
la
foy
qui
nous
est
donnee
surmonte
tellement
que
nous
sachions
quel
chemin
nous
avons
a
tenir.
Or
la
dessus
Moyse
recite,
que
Dieu
a
encores
envoye
une
torture
plus
aspre
a
son
serviteur
Abraham
que
les
autres.
Car
quand
il
marche
avec
son
fils
Isaac,
il
luy
dit,
Mon
pere.
N'estimons
pas
que
ceci
soit
eschappe
de
la
bouche
d'Isaac
de
cas
d'aventure:
mais
Dieu
a
voulu
ainsi
gehenner
la
foy
d'Abraham,
comme
s'il
luy
transpercoit
le
coeur.
Il
n'y
a
rien
qui
pust
apporter
une
telle
angoisse
a
Abraham
que
ce
mot
qui
est
tant
amiable,
de
dire,
Mon
pere.
Voila
donc
comme
un
glaive
qui
est
pour
navrer
mortellement
Abraham:
et
le
tout
(comme
i'ay
dit)
vient
du
conseil
de
Dieu,
lequel
nous
a
ici
voulu
donner
un
patron,
et
un
miroir
de
telle
constance,
que
quand
nous
aurons
a
batailler
contre
toutes
les
tentations
du
monde,
nous
sachions
qu'a
grand'peine
en
aurons-nous
la
centieme
[pag.
262]
partie
de
ce
que
nostre
pere
a
endure
et
qu'il
a
surmonte.
Abraham
luy
respond:
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