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doit
tuer
puis
apres:
et
tousious
ces
fantasies
luy
revienent
au
devant.
Comment?
que
ie
soye
murtrier
de
mon
propre
sang,
et
que
devant
Dieu
et
devant
les
hommes
ie
commette
un
acte
qui
pourroit
estre
le
plus
detestable
qu'on
pourroit,
penser?
Car
c'est
une
chose
monstrueuse:
et
ceci
est
pour
faire
dresser
les
cheveux
en
la
teste
de
tout
le
monde.
Mais
quoy
qu'il
en
soit,
si
faut-il
qu'Abraham
s'efforce
tousiours
et
qu'il
[pag.
256]
marche,
et
qu'il
demeure
la
seconde
nuict
iusques
au
troisieme
iour
que
Dieu
luy
monstre
la
montagne
de
Moria,
qui
est
le
lieu
ou
depuis
a
este
bastie
Ierusalem.
Voila
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir,
c'est
assavoir,
que
pour
bien
combatre
contre
toutes
tentations,
il
ne
faut
pas
seulement
que
nous
ayons
quelque
ardeur
soudaine
de
foy:
mais
une
telle
perseverance
que
nous
ne
defaillions
pas,
combien
que
Dieu
nous
prolonge
le
combats
et
que
nous
n'en
ayons
pas
du
premier
coup
la
delivrance.
Et
c'est
un
point
bien
necessaire,
car
ceux
qui
monstreront
grande
affection
et
singuliere
d'obeir
a
Dieu,
souventesfois
n'auront
que
des
bouffees:
et
cela
s'escoulera,
comme
nous
l'experimentons
par
trop.
Et
ainsi
ne
trouvons
point
estrange
si
Dieu
ne
nous
delivre
pas
incontinent,
quand
nous
serons
assaillis
de
quelque
combat,
et
que
nostre
foy
doit
estre
esprouvee:
si
nous
ne
surmontons
pas
du
premier
iour:
mais
qu'il
faille
continuer,
n'estimons
pas
que
Dieu
passe
mesure,
ensuyvons
plustost
l'exemple
de
nostre
pere
Abraham
en
cest
endroit.
Or
il
est
dit
quant
et
quant,
qu'il
a
commande
a
ses
serviteurs
de
se
tenir
la,
qu'il
a
charge
son
fils
Isaac
du
bois
pour
faire
le
sacrifice.
Car
il
n'estoit
pas
question
seulement
de
tuer
Isaac:
mais
il
falloit
qu'il
le
bruslast
encores,
et
qu'il
mist
le
[pag.
257]
corps
en
cendres.
Il
charge
donc
Isaac
de
bois,
et
commande
a
ses
serviteurs
de
se
tenir-la:
car
il
void
bien
que
ses
serviteurs
n'eussent
iamais
permis
un
tel
acte:
plustost
ils
eussent
estime
:
Voici
un
povre
vieillard
radoute,
il
y
a
quelque
furie
qu'il
a
pris,
il
proteste
qu'il
a
commandement
de
Dieu,
mais
est-il
possible
que
Dieu
ait
commande
une
chose
si
cruelle?
Ils
n'eussent
donc
eu
garde
de
iuger
que
ceste
obeissance-la
eust
este
un
service
de
Dieu:
mais
ils
Peussent
tenu
comme
un
homme
enrage
et
hors
du
sens.
Abraham
cognoit
cela,
et
c'est
une
circonstance
que
nous
devons
bien
noter,
c'est
assavoir,
que
puis
qu'il
a
apprehende
l'infamie
et
opprobre
qui
luy
viendroit,
et
que
chacun
estimeroit
qu'il
eust
fait
cela
par
frenesie,
et
que
iamais
Dieu
n'eust
tenu
pour
agreable
un
tel
service
:
puis,
di-ie,
qu'il
a
apprehende
cela,
et
que
neantmoins
il
ne
luy
chaut
de
toute
l'ignominie
qui
luy
estoit
apprestee
selon
les
hommes,
en
faisant
une
chose
qui
estoit
contre
nature,
et
qui
estoit
une
cruaute
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