7:76 qu'il commit par simple inadvertence (2 Sam. 11,4). La misericorde que Dieu a monstree envers eux tous, est elle saillie ou morte, qu'il ne la puisse aussi bien maintenant demonstrer?1) Mais nous n'avons que faire d'emprunter exemples du vieil Testament, veu qu'il y en a tant au nouveau. Sainct Pierre devant que renoncer nostre Seigneur Iesus, n'avoit-il pas ouy ceste sentence: Qui me renoncera devant les hommes, ie le renonceray devant Dieu mon Pere (Matth. 10, 33)? Il ne pouvoit donc pretendre excuse d'ignorance. Et toutesfois le Seigneur Iesus luy a faict mercy. Sainct Paul se complainct d'aucuns qui vivoyent desordonnement en Thessalonique, mais il ne laisse pas d'en bien esperer, moyennant qu'on les corrige, pour les amener a repentance (2 Thess. 3, 11. 15). Ceux qui s'estoyent desbordes a dissolution et immundicite en l'Eglise [page 56] de Corinthe, et se plaisoyent tellement en leurs vices, qu'ilz ne vouloyent escouter nulle remonstrance, estoyent bien coulpables d'avoir peche de mauvaise volunte. Toutesfoys le mesme Apostre ne laisse pas de les exhorter a se reduire, leur reservant tousiours espoir de trouver grace envers Dieu. Autant lisons-nous qu'en a faict sainct Pierre a Simon Magus2) (Act. 8, 22). Que voulons-nous plus? Nostre Seigneur ouvre les thresors de sa grace a ceux qui auront este surmontes par leurs concupiscences: et combien qu'ilz congneussent le mal, toutesfoys y auront decline par infirmite de leur chair. Qui sera l'homme qui fermera la porte aux povres pecheurs, et ne leur voudra permettre de recevoir la grace que Dieu leur offre? Nous voyons donc qu'il y a une poison mortelle cachee en ces motz des Anabaptistes, quand ilz ne font autres pechez remissibles, que ceux qui auront este commis par inadvertence. Pour faire une conclusion de cest article, il est besoing que tous Chrestiens soyent advertiz, quelle queue il tire apres soy.3) Car encore qu'on iuge bien que c'est une rigueur trop extreme, de ne vouloir supporter aucun deffaut en une Eglise: toutesfoys de premiere face, on ne voit pas combien [page 57] ceste opinion est pernicieuse, d'autant qu'on ne regarde point la consequence qui en vient. Il y a eu anciennement deux sectes d'heretiques, qui ont fort trouble l'Eglise. Dont les uns se nommoyent en Grec Cathares, c'est a dire purs: les autres Donatistes, du nom de leur premier autheur et maistre. Iceux, tant les premiers que les secondz, ont este en une mesme phantasie que sont a present ces povres resveurs, de chercher une Eglise en la- 1) exhibere suis. 2) le Magicien 1611. 3) quae smt ex eo consequentia.