35:76 vailler: ii ne veut point que nous soyons oisifs, ou fay-neants: mais qu'un chacun s'applique a ce qu'il pourra: que nous regardions en quoy nous pourrons servir et a Dieu et a nos prochains, et que chacun s'y employe selon la faculte qu'il aura receue. Dieu ne nous veut pas donc retirer de nos oeuvres, quand il nous afflige, c'est a dire nous rendre inutiles du tout. Il est vray que quand nous serons abbatus par maladies, nous avons et bras et iambes comme rompues, il faut qu'on nous serve, que le monde soit empesche de nous et que nous ne puissions faire nul service: mais ce n'est pas que Dieu nous retire de toute oeuvre : car la patience est une oeuvre que Dieu prise sur toutes choses. Ainsi donc en somme Dieu ne nous veut pas retirer de toutes oeuvres en nous affligeant : mais il est question ici des folles entreprinses que les hommes font. Car si Dieu nous laisse la, et qu'il nous mette la bride sur le col, combien sommes-nous hardis pour machiner ceci et cela? Rien ne nous couste, tellement que nous voudrions remuer le ciel et la terre: II faut que ie face ceci, ii faut que i'aille la. Nous verrons auiourd'huy les princes faire de telles entreprinses, que s'ils ont les choses en main, ils voudroyent quasi creer dixhuict mondes tout nouveaux : mais l'orgueil qui se monstre ainsi aux grans, ne laissera pas d'estre aux plus petis: ce seront des scorpions qui remueront leurs queues pour ietter leur venin. Il n'y a celuy de nous tant petit qu'il soit, qui ne face des entreprinses a Pesgaree. Il est donc besoin que Dieu nous ramene ainsi, c'est a dire qu'il nous retire de nos entreprinses volages par les afflictions qu'il nous envoye. Ainsi nous avons (comme i'ay dit) bonne occasion de nous consoler quand Dieu nous afflige. Car puis que nostre nature est si revesche, que nous ne venons iamais a luy d'une franche volonte, que seroit-ce sinon que nous fussions retenus par force? Ainsi donc attendu que les hommes de leur naturel vont tout au rebours de la volonte de Dieu, et qu'ils se iettent la a l'esgaree comme bestes sauvages: cognoissons qu'il est besoin que Dieu nous reprime: et cognoissans cela, que nous luy donnions gloire de ce qu'il ne permet point que nous soyons comme chevaux eschappez, mais que tousiours il nous tient en bride sous son obeissance, voire et quand il voit qu'il y a de l'impetuosite trop grande en nous, qu'il la donte par afflictions. Voila ce que nous avons a retenir de ce passage. Mais notons bien ce qu'Eliu adiouste pour la fin, Que Dieu veut cacher V orgueil des hommes: car il monstre ici la source de toutes nos entreprinses, c'est assavoir l'orgueil qui est en nous. Qui est cause donc que les hommes sautent ainsi, et qu'ils se iettent en l'air, et font de telles ruades? Ceste presomption folle qui ies aveugle. Car les hommes