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quarante
ans,
il
voit
que
le
plus
difficile
reste,
il
cognoist
les
vices
qui
sont
au
peuple,
il
sait
la
vertu
qui
luy
est
donnee,
il
sait
l'authorite
qu'il
a
acquise
desia
de
longue
main:
voila
pourquoy
il
souhaitte
d'avoir
entree
en
la
terre.
Car
un
homme
aage
de
six
vingts
ans,
n'estoit
pas
addonne
a
ceste
vie
ici.
Et
sur
tout
nous
savons,
puis
que
desia
il
avoit
este
ravi
en
la
montagne,
qu'il
avoit
gouste
la
gloire
de
Dieu,
qu'il
n'estoit
pas
retenu
ni
en
delices
caduques,
ni
en
rien
qui
soit
du
monde.
Voila
donc
Moyse
qui
n'a
point
regarde
a
soy:
mais
il
vouloit
accomplir
son
office,
et
mettre
le
peuple
en
possession
de
cest
heritage
qui
luy
avoit
este
promis
:
et
par
ce
moyen
establir
le
service
de
Dieu
en
la
terre
saincte.
Qui
est-ce
qui
ne
dira
que
ce
desir-la
estoit
bon,
veu
qu'il
ne
tendoit
qu'a
glorifier
Dieu,
et
a
procurer
le
salut
de
tout
le
peuple?
voila
les
deux
principales
fins
que
nous
ayons
en
toute
la
vie
humaine.
Toutesfois
si
est-ce
que
Moyse
a
failli.
Et
pourquoy?
Car
il
resiste
a,
Dieu.
Ce
luy
devoit
estre
assez
d'avoir
ouy
que
Dieu
ne
se
vouloit
point
servir
de
luy
en
cest
endroit.
Combien
donc
que
ce
souhait
qu'il
propose
soit
excellent
en
soy,
combien
qu'il
tende
a
une
fin
bonne
et
iuste:
si
jest-ee
qu'il
ne
laisse
point
d'estre
coulpable.
La
raison?
Pource
qu'il
ne
s'assuietit
point
a
Dieu.
Nous
voyons
donc
ce
que
i'ay
desia
dit,
c'est
assavoir,
que
quelques
fois
nous
pourrons
avoir
de
belles
couleurs
pour
desirer
ceci,
et
cela:
mais
il
y
aura
de
l'excez:
voire,
et
de
faict
nous
n'obtiendrons
point
nos
requestes.
Pourquoy?
Il
faut
que
l'obeissance
precede,
et
sans
icelle
nous
ne
pouvons
bastir
qu'en
ruine
et
confusion.
Et
c'est
une
chose
bien
requise.
Car
les
hommes
ne
se
peuvent
tenir
d'estre
sages
en
leur
teste
:
et
quand
nous
trouvons
une
chose
bonne,
on
ne
nous
peut
persuader
le
contraire,
Dieu
ne
peut
rien
gagner
sur
nous
pour
avoir
maistrise.
D'autant
plus
nous
faut-il
mettre
peine
a
nous
tenir
du
tout
subiets,
afin
que
nous
ne
bastissions
rien,
sinon
ce
que
Dieu
approuve
:
et
que
nous
ayons
ce
but-la
devant
nos
yeux,
et
que
nous
y
soyons
pleinement
arrestez.
Or
si
ainsi
est
que
les
desirs
qui
de
leur
nature
sont
bons,
saincts,
et
louables,
sont
toutesfois
vicieux
et
condamnez
quand
ils
s'eslevent
a,
l'encontre
de
Dieu:
que
sera-ce
quand
nous
convoiterons
des
choses
mauvaises,
et
que
nous
lascherons
la
bride
a
nos
appetis
charnels?
Nous
voyons
ce
que
Dieu
nous
a
deffendu,
estre
mauvais,
et
neantmoins
nous
prendrons
licence
de
l'appetter:
y
a-il
excuse
en
cela?
Ainsi
pour
bien
faire
nostre
profit
de
ceste
doctrine,
notons,
que
quand
nos
souhaits
seroyent
de
prime
face
les
meilleurs
du
monde:
toutesfois
qu'il
nous
en
faut
abstenir,
sinon
qu'ils
soyent
agreables
a
Dieu.
Car
c'est
par
ce
bout
ou
il
nous
faut
commencer.
Et
au
reste,
que
si
nous
devons
corriger
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