23:758 nous avons touche) qu'Abraham ne pouvoit rien esperer de Dieu sinon par le moyen d'Isaac: car il est dit qu'en Iesus Christ toutes les promesses de salut ont leur fermete, et qu'elles sont ratifiees pour estre Ouy et Amen : Nostre Seigneur Iesus Christ devoit venir de la race d'Isaac: et c'estoit vrayement la semence qui luy avoit este promise. Comment donc Abraham pouvoit-il accorder cela qu'Isaac son fils mourust, et cependant que les promesses de Dieu demourassent en leur vigueur et en leur execution? Or tant y a que l'Apostre dit qu'Abraham a immole son fils par foy. Et ainsi il nous signifie qu'Abraham quoy qu'il en soit, s'est tenu et arreste a ce que Dieu luy avoit prononce de sa bouche: et quant a ce discord qu'il [pag. 252] pouvoit trouver entre ce commandement qui luy estoit fait et les promesses qui luy avoyent este donnees, voici l'Apostre respond: Qu'il a creu que Dieu estoit assez puissant pour susciter des cendres d'Isaac quand le corps seroit tout brule, qu'il luy pouvoit susciter ceste semence qui luy avoit este promise. Or c'est un article qui nous sera profitable, moyennant que nous le comprenions bien: car nous sommes admonnestez par cela de croire tellement en Dieu que nous surmontions le monde, et tout ce que nous pouvons appercevoir, et ce que nous comprenons en nostre raison et intelligence. Car si la foy s'appuyoit sur ce que nous pouvons comtempler, que seroit-ce? La vertu de Dieu seroit par trop amoindrie. Et d'avantage, il nous faut noter ce qui est dit par l'apostre, que la foy est une vision des choses invisibles, et une approbation des choses absentes. Ce qui respond a ce que dit sainct Paul au huitieme chapitre des Romains: c'est que nous n'esperons pas les choses qui nous sont patentes et notoires, mais celles qui sont eslongnees de nous, celles qui semblent mesmes estre impossibles. Puis qu'ainsi est que les promesses de Dieu ne nous apportent pas a veue d'oeil ce qu'elles contienent, il faut (comme i'ay desia dit) que nous montions par dessus le monde quand il est question de [pag. 253] croire. Et qu'est-ce que cela? Assavoir, que nous ne mesurions pas la vertu de Dieu qui est infinie, a ces moyens qui se presentent et lesquels nous comprenons. Mais quand ces pensees nous viendront en fantasie, que la chose ne se peut faire, qu'il y a comme du contredit, que nous concluyons: Si est-ce que Dieu accomplira ce qu'il a dit. Et comment? o ce n'est pas a nous d'en iuger. Ici il nous faut captiver tous nos sens, et faire cest honneur a Dieu qu'il est fidele: mais que nous ne savons pas quelles issues il trouvera la, ou il nous semble que tout est ferme et bousche. Voila donc ce que nous avons a retenir de ce qui nous est enseigne par l'Apostre. Or si Abraham eust argue par raison humaine, il eust dit: Dieu n'est point 48*