23:752
d'Abraham.
Gomme
s'il
disoit:
Ya,
tu
n'as
este
qu'une
beste
quand
tu
fes
attendu
a
moy
et
qu^
tu
m'as
suivy:
que
tu
as
prins
tant
de
peine
de
m'obeir.
Ie
t'ay
promis
lignee,
de
laquelle
tout
le
salut
du
monde
viendroit,
i'ay
accompli
ma
promesse
en
te
donnant
ton
fils
Isaac:
mais
il
faut
que
tu
luy
ailles
maintenant
couper
la
gorge,
pour
te
donner
a,
entendre
que
ce
n'a
este
qu'une
simplesse
a
toy
et
sottise
de
te
fier
en
ce
que
ie
savoye
promis,
et
ce
que
tu
as
espere
que
tu
aurois
lignee,
et
que
ceste
lignee*la
seroit
plus
precieuse
que
tout
le
monde
ne
vaut,
et
cent
mille
mondes.
Car
il
est
question
du
salut
eternel
de
ton
ame
et
de
celuy
de
tous
les
hommes,
et
maintenant
tu
vas
effacer
tout
cela.
Or
(comme
i'ay
desia
dit)
il
est
impossible'
que
nous
puissions
assez
comprendre
ces
choses,
et
que
nous
en
soyons'
assez
touchez
au
vif:
tant
y
a
neantmoins
qu'il
nous
les
faut
mediter,
car
ce
n'est
pas
en
vain
qu'elles
sont
escrittes.
Voila
donc,
quant
a
la
preface
de
ceste
histoire.
Or
venons
maintenant
a
deduire
par
le
menu
ce
qui
est
ici
couche
par
Moyse,
Pren
ton
Fils
unique,
ton
fils
Isaac
[pag.
239J,
ton
fils
que
tu
aimes
uniquement.
Voila
comme
Dieu
ne
se
contente
point
de
percer
le
coeur
d'Abraham,
comme
s'il
luy
donnoit
un
coup
de
poignard,
mais
il
le
tient
a
la
torture,
voire
en
une
torture
diverse:
comme
si
apres
luy
avoir
baille
la
gehenne,
il
luy
donnoit
les
gresillons,
et
puis
qu'il
eust
encores
une
autre
espece
de
torture.
Car
s'il
luy
estoit
commande
de
tuer
ainsi
son
fils,
n'estoit-ce
pas
assez
de
luy
dire,
Va,
et
que
tu
me
sacrifies
ton
fils?
Mais
il
luy
dit,
Pren
ton
fils,
voire
ton
fils
unique,
ton
fils
Isaac,
celuy
que
tu
aimes
uniquement:
pour
monstrer
que
toute
esperance
estoit
retranchee
a
Abraham.
Or
quand
il
dit,
Ton
fils
que
tu
aimes
uniquement
ce
n'estoit
pas
une
amour
paternelle
seulement,
comme
les
peres
auront
une
amour
naturelle
envers
leurs
enfans:
mais
il
falloit
qu'Abraham
aimast
Isaac
selon
qu'il
prisoit
le
salut
de
son
ame
et
de
tout
le
monde,
pour
estre
compagnon
des
Anges
et
de
tout
le
monde,
et
pour
estre
heritier
du
royaume
de
Dieu.
Finalement
voila
donc
ce
qu'emporte
le
mot
de
Fils
unique,
et
bien-aime.
Et
puis
le
mot
d'Isaac
qui
est
ici
mis,
luy
est
mis
en
avant
comme
par
reproche.
Car
Dieu
avoit
impose
le
nom
a
Isaac,
il
n'avoit
point
este
invente
a
la
fantasie
des
hommes.
Voila
Dieu
qui
nomme
l'enfant.
Et
comment?
Risee,
Matiere
de
ioye.
Or
il
semble
qu'il
se
moque
[pag.
240]
maintenant
de
tout
cela:
c'est
bien
a
propos,
Matiere
de
ioye!
tu
te
resiouis
en
Isaac,
et
te
semble
bien
qu'il
n'y
eust
que
matiere
de
resiouissance.
Or
il
faut
que
tu
en
ayes
maintenant
une
tristesse
qui
te
transperce
le
coeur,
que
tu
sois
toy-mesme
le
bourreau
de
cest
enfant
que
tu
aimes
si
cherement,
que
tu
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