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SERMONS-
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les
tentations
ne
nous
doyvent
point
sembler
ameres,
mais
plustost
douces,
d'autant
que
nostre
Seigneur
les
raporte
a,
nostre
salut,
et
qu'il
s'en
sert
tellement
que
son
nom
est
glorifie
:
et
que
nous
profitions
aussi
de
plus
en
plus,
voire
si
nous
savons
regarder
a
l'issue.
Or
en
ceste
tentation-ci,
comme
nous
avons
touche,
Abraham
est
navre
mortellement,
comme
si
Dieu
le
vouloit
ietter
au
plus
profond
abysme
du
gouffre
de
desespoir
qu'on
puisse
imaginer.
Mais
cependant
il
l'a
soustenu:
car
Abraham
selon
l'infirmite
de
l'homme
fust
defailli
mille
fois
quand
Dieu
luy
commande
de
tuer
son
fils.
Mais
encores
ce
n'est
pas
le
tout
qu'Abraham
soit
contraint
de
prendre
l'espee
pour
tuer
son
fils
propre.
Mais
il
y
a
une
tentation
beaucoup
plus
grieve,
qui
est
bien
a
noter,
et
de
laquelle
il
era
parle
plus
a
plein
:
mais
encore
maintenant
si
faut-il
que
nous
en
soyons
advertis.
Car
il
n'est
pas
question
qu'un
enfant
qui
est
bien
aime,
qui
est
le
fils
unique,
meure,
et
qu'il
meure
d'une
mort
violante
devant
les
yeux
du
pere,
et
que
le
pere
mesmes
luy
coupe
la
gorge.
Ce
n'est
pas
encores
le
tout
que
cela,
mais
il
est
question
du
salut
qu'Abraham
attendoit
[pag.
237].
Quand
les
hommes
tueroyent
leurs
enfans,
ce
ne
seroit
rien
au
pris.
Car
il
n'y
a
celuy
qui
cognoisse
son
enfant
pour
son
sauveur:
mais
combien
qu'Isaac
ne
fust
pas
le
sauveur
d'Abraham,
tant
y
a
qu'il
cognoit
que
de
luy
viendra
le
Sauveur
du
monde.
Ou
est-ce
donc
qu'Abraham
cerche
toute
sa
iustice,
tout
son
bien
et
tout
son
salut,
si
ce
n'est
en
la
personne
d'Isaac,
c'est
a
dire,
en
celuy
qui
en
doit
proceder?
Or
Isaac
est-il
mort?
voila
le
monde
perdu
et
damne,
voila
le
diable
qui
regne,
et
qui
a
la
vogue
par
tout.
Voila
Dieu
qui
est
ennemi
des
hommes
et
de
toutes
creatures.
Il
n'y
a
plus
que
Tire
et
la
vengeance
de
Dieu
qui
est
enflammee
comme
un
feu
pour
tout
devorer:
tant
y
a
qu'il
faut
que
cest
Isaac
soit
tue
de
la
main
d'Abraham,
voire
d'Abraham,
qui
avoit
receu
ceste
promesse
de
Dieu
:
Ie
te
donneray
un
fils
qui
aura
une
telle
benediction
en
luy,
que
tous
les
hommes
auront
leur
salut
en
la
grace
que
ie
luy
feray.
Cependant
il
faut
que
cestuy-la
meure.
Voila
donc
comme
i'ay
desia
dit,
l'enfer
qui
est
ouvert,
et
faut
que
le
diable
domine
en
telle
sorte
que
tout
soit
abysme.
Ce
n'est
plus
rien
de
toutes
les
promesses
de
salut,
puis
que
celuy
qui
devoit
apporter
la
vie
de
toutes
creatures,
s'en
va
a
la
mort.
Et
ou
est-ce
aller?
Il
n'est
pas
question
ici
de
navrer
d'afflictions
et
de
douleurs
selon
l'homme
le
coeur
d'Abraham:
mais
[pag.
238]
il
est
question
d'occir
sa
foy
et
toute
l'esperance
qu'il
avoit
conceu
de
son
salut.
Il
semble
que
Dieu
luy
vueille
faire
fouler
au
pie
tout
ce
qu'il
luy
avoit
donne
d'attente
de
sa
grace
et
de
sa
bonte:
brief,
il
semble
qu'il
se
soit
moque
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