26:75 75 SERMON XVII. 76 qui luy est dit. Et de faict, nous ne le pouvons pas excuser du tout, qu'il n'ait failli. Oar nous ne saurions estre chatouillez du moindre appetit du monde, lequel soit contraire a la volonte de Dieu, que desia nous ne soyons coulpables. Mais quand nous avons ceste hardiesse de venir a Dieu, de luy faire une requeste tout a l'opposite de son vouloir: voila double offense. Et pourquoy? Le fondement de toutes nos prieres est la foy. Or elle ne peut estre sans la promesse de Dieu. Celuy donc qui viendra ietter ses bouffees, et demandera a Dieu ce qu'il cognoist ne luy estre point agreable, ne passe-ii point ses limites? ne va-il point tout au rebours de ce que porte la reigle d'Oraison? Comme ceci se voit en Moyse: et par cela il s'ensuit que il a failli. Et de faict, la response le monstre. Car tout ainsi que Dieu auparavant s'estoit fasche contre luy, de ce qu'il ne l'avoit point glorifie en ceste contention qui fut esmeue, par faute que le peuple n'avoit que boire: aussi maintenant il se courrouce derechef. Quand nous n'aurions autre tesmoignage, il nous doit bien suffire: notamment Dieu luy ferme la porte pour l'avenir, qu'il n'y retourne plus. Par ceci nous sommes admonnestez qu'il nous faut soliciter a reprimer nos desirs, et a les tenir en bride. Car a grande peine trouvera-on homme qui se soit rendu tant paisible pour obeir a Dieu comme Moyse: cerchons de tous costez, il est certain que Moyse a este un miroir excellent d'un homme debonnaire, et qui avoit son esprit du tout abbatu, ne cerchant sinon de suyvre ce qui luy seroit commande d'enhaut. Et neantmoins si voit-on encores qu'il ne s'est peu tenir ne moderer, qu'il n'y ait eu de l'excez en ses affections. Si eela est avenu a Moyse qui estoit tant accoustume d'obeir a Dieu en tout et par tout: que sera-ce de npas qui avons encores tant mal profite en cest endroit? Ainsi donc voici un acte qui nous monstre quel est le principal exercice, et la principale estude des enfans de Dieu, que de mettre sous le pied leurs affections : afin qu'il ne leur avienne point de rien desirer, sinon ce qu'ils cognoissent plaire a Dieu. Car c'est la reigle pour discerner entre le bien et le mal que celle-la. Voila pour un item. D'avantage il ne nous faut point arrester a l'apparence. Quand nous aurons quelque desir, s'il nous semble bon et iuste, qu'il ne faut pas cuider qu'il nous soit pourtant licite. Car si nous regardons au desir de Moyse, chacun dira qu'il estoit sainct. Et mesmes nous sommes estonnez comme il a este ainsi refuse : veu qu'il ne parloit point tant pour soy, que pour le profit commun de tout le peuple. Car il ne demandoit sinon que le peuple fust tant mieux edifie et conferme en la grace de Dieu. Il se voit ordonne a une vocation tant excellente, desia il s'en est acquitte par l'espace de