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SERMONS.
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estre
prise
et
magnifie:
mais
c'est
a
fin
que
nous
apprenions
de
n'estre
point
trop
delicats.
Et
quand
il
plaira
a
Dieu
de
nous
[pag.
232]
excercer
en
quelque
sorte
que
ce
soit,
que
nous
soyons
traittables
pour
nous
laisser
mener
a
luy
:
que
nous
ayons
nos
sens
tellement
domtez,
toutes
nos
affections
tellement
amorties
que
Dieu
seul
ait
la
maistrise,
qu'il
domine,
et
qu'il
cheuisse
de
nous,
comme
il
luy
plaist.
Yoila,
di-ie,
ce
que
nous
avons
a
retenir.
Et
ainsi,
quand
nous
avons
a.
endurer
quelque
tentation,
que
nous
aurons
soustenu
quelque
combat,
si
Dieu
puis
apres
nous
espreuve,
que
nous
ne
trouvions
pas
cela
nouveau.
Car
nous
ne
le
servons
point
a
ceste
condition,
qu'apres
qu'il
nous
aura
traittez
rudement
un
iour
ou
un
an,
nous
soyons
quittes,
et
que
nous
puissions
demander
conge:
mais
au
contraire
que
nous
soyons
endurcis
par
ce
que
Dieu
continue
a
nous
envoyer
de
telles
espreuves
pour
examiner
nostre
foy:
que
cela,
di-ie,
soit
pour
nous
acquerir
habitude:
comme
nous
voyons
qu'un
vieil
soldat
pourra
endurer
beaucoup
mieux
que
celuy
qui
ne
fait
que
commencer.
Quand
il
y
aura
quelque
novice,
il
ne
sait
encores
que
c'est:
il
luy
faschera
de
veiller
la
nuict,
d'endurer
froid
et
chaud,
de
soustenir
la
bataille,
d'estre
tousiours
au
guet:
mais
celuy
qui
y
sera
accoustume
de
long
temps
sera
beaucoup
plus
robuste.
Ainsi
faut-il
que
quand
nostre
Seigneur
nous
a
exercez
en
une
sorte
et
en
l'autre,
nous
soyons
[pag.
233]
prests
de
tant
mieux
continuer.
Et
encores
qu'il
nous
semble
que
Dieu
nous
soit
bien
rude
et
aspre,
s'il
redouble
les
coups
par
maniere
de
dire,
et
qu'il
faille
que
nous
soyons
pressez
iusques
au
bout,
et
a
l'extremite,
qu'encores
nous
ne
trouvions
pas
cela
estrange.
Et
pourquoy?
Nous
en
voyons
le
patron
en
nostre
pere
Abraham,
auquel
il
nous
faut
estre
configurez.
Quant
a
ce
mot
de
Tenter,
nous
savons
ce
qu'il
emporte
quand
il
est
attribue
a
Dieu
:
ce
n'est
pas
qu'il
nous
tente
pour
nous
induire
a
mal,
car
nous
y
sommes
par
trop
enclins
:
et
comme
dit
S.
Iaques,
chacun
est
tente
par
sa
propre
concupiscence.
Il
ne
faut
pas
que
nous
cerchions
la
cause
de
tous
ces
vices
ailleurs,
car
nous
en
avons
la
racine,
voire
d'heritage
et
du
rentre
de
nostre
mere.
Dieu
donc
ne
nous
tente
pas
en
ceste
facon-la
pour
dire
qu'il
soit
coulpable,
et
que
nous
luy
puissions
imputer
le
mal
que
nous
commettons,
comme
s'il
en
estoit
autheur:
car
comme
i'ay
dit,
nous
en
trouverons
la
source
en
nous,
mais
Dieu
tente
les
siens
pour
les
sonder.
Ce
mot
emporte
donc
Examiner,
Esprouver:
non
pas
qu'il
ait
besoin
de
s'enquerir
pour
savoir
ce
qui
est
en
nous,
car
nous
savons
qu'il
est
appele
Iuge
des
coeurs,
et
que
rien
ne
luy
est
incognu,
et
que
toutes
les
pensees
des
hommes
sont
descouvertes
devant
luy.
Nous
[pag
234]
avons
beau
nouscolorer,
nous
avons
beau
nous
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