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SERMONS.
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c'est
qu'Abraham
a
este
contraint
de
tuer
son
fils
voire
son
propre
fils
unique.
Or
ceci
outrepasse
tout
ce
qui
seroit
possible
d'imaginer
d'obeissance,
qu'un
homme
fidele
seroit
prest
de
rendre
a
Dieu,
nous
devons
estre
siens
et
a
vivre,
et
a
mourir:
mais
ce
qui
est
ici
commande
a
Abraham,
est
beaucoup
plus.
Car
il
n'est
pas
question
seulement
qu'Abraham
se
renge
du
tout
a
[pag.
228]
Dieu,
renoncant
a
soy-mesme,
ct
que
le
fils
qui
luy
a
este
donne
luy
soit
oste,
et
qu'il
le
quitte,
comme
quand
il
plairoit
a
Dieu
de
le
retirer
qu'il
portast
cela
patiemment:
il
n'est
pas
question
de
cela,
mais
il
faut
que
luy
mesme
le
tue.
Voila
une
chose
si
dure
et
si
estrange
que
nous
n'en
pouvons
pas
ouir
parler,
que
nous
n'en
soyons
comme
esperdus.
Ce
n'est
point
donc
sans
cause,
que
Moyse
depuis
le
chapitre
neufieme,
apres
qu'il
a
raconte
ci
dessus
de
la
vie
d'Abraham,
met
cest
acte
en
avant,
et
dit
qu'apres
ces
choses
Dieu
l'a
encores
tente.
Or
il
avoit
eu
une
tentation
bien
grande,
quand
Dieu
l'arracha
de
la
maison
de
son
pere:
et
mesmes
les
mots
remportent,
quand
il
dit:
Sors
de
la
maison
de
ton
pere:
et
de
tout
ton
parentage,
et
du
lieu
de
ta
naissance,
et
puis,
ou
est-ce
qu'il
trouvera
meilleure
habitation?
Vien,
dit-il,
en
un
pays
incognu,
comme
un
povre
aveugle
qui
a
les
yeux
fermez.
Voila
le
pays
ou
ie
te
veux
mener,
voire
mais
il
ne
luy
est
pas
cognu:
il
faut
donc
qu'il
soit
la
comme
iettant
la
plume
au
vent,
ne
sachant
de
quel
coste
se
tourner.
Voila,
di-ie,
une
grieve
tentation
a
Abraham,
quand
il
faut
qu'il
suyve
la
ou
Dieu
l'appelle,
ne
sachant
toutesfois
ou
il
va,
et
neantmoins
c'est
comme
son
Abc.
Car
voila
par
ou
Dieu
commence
quand
il
veut
enseigner
en
son
escole.
Mais
est-il
entre
[pag.
229]
en
la
terre?
nous
voyons
comme
la
famine
l'en
chasse,
et
comme
la
femme
luy
est
ravie.
Et
pour
la
seconde
fois
mesmes,
nous
voyons
qu'il
est
tormente
ca
et
la,
qu'il
n'a
point
de
repos:
il
n'y
a
celuy
qui
ne
se
dresse
contre
luy,
et
luy
endure
toutes
ces
choses.
Et
cependant
il
ne
murmure
point
contre
Dieu,
il
ne
se
decourage
point
pour
tous
les
troubles
qui
luy
sont
dressez,
ni
pour
nulles
afflictions
qu'il
endure:
comme
ceux
qui
sont
tant
delicats,
que
si
Dieu
ne
les
traitte
a
leur
guise
ils
plaquent
la
tout,
et
ne
veulent
plus
savoir
que
c'est
de
luy
obeir.
Or
combien
qu'Abraham
fust
ainsi
traitte
rudement,
si
ne
laisse-il
pas
de
continuer
en
un
mesme
train:
mais
apres
toutes
ces
choses,
et
combien
est-ce
qu'il
endure?
Ce
n'est
point
seulement
pour
trois
ou
quatre
ans,
mais
il
est
tellement
agite,
que
quand
il
a
passe
vingt
et
trente
et
quarante
ans
en
ceste
terre,
c'est
tousiours
a
recommencer
et
pis
que
devant,
iusques
a
ce
qu'il
est
contraint
mesmes
de
quitter
l'amour
de
son
fils
aisne
et
de
s'en
despouiller,
qui
estoit
desia
comme
une
espece
de
mort.
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