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SERMONS.
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fait
sans
en
estre
requis.
Cependant
nous
voyons
a
l'opposite
que
cela
ne
Pa
pas
empesche
de
faire
hommage
a
Dieu.
Et
combien
que
ce
fust
une
chose
odieuse
(ainsi
que
nous
avons
monstre
cy
dessus)
d'avoir
une
religion
a
part,
et
separee
de
celle
de
ceux
entre
lesquels
il
conversoit:
neantmoins
si
n'a-il
point
voulu
defaillir
qu'il
ne
fist
confession
de
sa
foy
telle
que
Dieu
luy
avoit
commandee.
Ainsi
nous
voyons,
qu'envers
Dieu
et
envers
les
hommes,
il
s'est
tellement
porte,
qu'il
nous
peut
estre
un
exemple
de
vraye
humilite,
pour
nous
monstrer
comment
nous
devons
rendre
suietion
a
ceux
ausquels
nous
la
devons:
tellement
toutesfois
que
cependant
Dieu
ait
son
empire
souverain
:
et
que
si
les
hommes
ont
quelque
superiorite
et
preeminence,
cela
ne
derogue
en
rien
a
la
maieste
celeste,
laquelle
doit
obscurcir
toute
hautesse
humaine.
Il
est
bien
certain
que
si
Abraham
eust
voulu
gratifier
a
ses
voisins,
il
se
fust
conforme
a
leurs
facons
de
faire,
et
n'eust
pas
declaire
qu'il
avoit
un
Dieu
lequel
il
vouloit
adorer,
renoncant
a
toutes
les
idolatries
qui
[pag.
220]
avoyent
desia
la
vogue,
et
a,
toutes
les
superstitions
desquelles
la
terre
estoit
remplie
et
pollue.
Mais
quoy
qu'il
en
soit,
il
proteste
de
vouloir
servir
et
adorer
Dieu
purement.
Et
pour
ceste
cause,
il
a
son
autel,
comme
nous
avons
veu,
auquel
il
fait
hommage
solennel
a
Dieu,
et
par
ce
moyen
renonce
a
tous
les
vices,
et
a
toutes
les
corruptions
qui
estoyent
entre
ses
voisins
:
comme
s'il
les
condamnoit,
et
qu'il
monstrast
qu'il
n'y
a
qu'un
seul
vray
service
qui
soit
agreable
a
Dieu:
comme
aussi
il
n'y
a
qu'un
seul
Dieu
vivant,
et
que
tout
le
reste
n'est
qu'imagination
fausse
et
tromperie.
Auparavant
desia
combien
qu'il
n'eust
nul
arrest,
et
qu'il
fust
tracasso
de
coste
et
d'autre:
si
est-ce
qu'il
ne
laissoit
pas
d'invoquer
Dieu
partout
ou
il
venoit,
c'est
a
dire,
de
monstrer
qu'il
ne
s'accordoit
point
a
tous
les
erreurs
qui
avoyent,
pour
ce
temps-la,
la
vogue
par
le
monde.
Mais
ici
il
a
une
raison
speciale
pour
invoquer
Dieu
derechef
en
ce
lieu-la:
pource
qu'il
avoit
plus
de
repos
et
de
commoditez
qu'auparavant.
Car
iamais
il
n'avoit
ose
planter
un
arbre:
il
en
plante
maintenant
plusieurs,
d'autant
qu'il
luy
est
permis
de
demourer
la.
Et
comme
il
a
fait
hommage
au
roy
terrien,
auquel
le
pays
appartenoit:
il
veut
aussi
monstrer,
qu'il
n'a
pas
oublie
Dieu,
qu'il
n'a
pas
refroidi
le
zele
qu'il
avoit,
qu'il
[pag.
221]
ne
le
tiene
tousiours
pour
son
prince
souverain,
s'humilie
sous
luy,
et
vueille
demourer
en
sa
protection.
Voila
donc
pourquoy
notamment
Moyse
recite,
qu'Abraham
a
invoque
le
nom
du
Seigneur.
La
loy
de
dedier
les
maisons
n'estoit
pas
encore
escrite,
mais
il
n'a
pas
laisse
de
l'observor,
c'est
a
dire,
il
a
monstre
par
effet
que
le
lieu
de
sa
demeure
estoit
un
temple
de
Dieu:
comme
il
faut
aussi
que
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