51:74 c'est a scavoir que nous ne cuidions pas rien valoir. Voila pour un item. Or la dessus il se moque de ceste folle ambition qui ravit les esprits, d'autant qu'il n'y a celuy qui vueille estre trompe. Et de faict quand nous voyons qu'on procede par quelque astuce ou feintise pour nous circonvenir, cela nous fasche, et ne le pouvons nullement souffrir. Et neantmoins nous ne trouverons point de plus gras trompeurs en tout le monde que nous-mesmes. Chacun donc se decoit, chacun se ruine, voire comme de son bon gre. Et quelle folie est cela? Or maintenant nous voyons l'intention de sainct Paul, et l'instruction aussi que nous avons a recueillir de ceste sentence: d'autant que chacun se veut faire valoir en amoindrissant ses compagnons, sainct Paul nous declare que si nous faisons un bon examen et droit de ce qui est en nous, il ne s'y trouvera pas une seule goutte de vertu qui merite louange, voire quant a nos personnes : car nous ne sommes rien, et ne faudroit qu'un seul souffle pour nous abysmer. Ce n'est donc qu'une folle outrecuidance qui nous empesche que nous ne cheminions en simplicite. Et ainsi cognoissons en premier lieu que nous ne pouvons usurper rien qui soit sans sacrilege, d'autant que c'est despouiller Dieu du droit qui luy appartient, et lequel luy doit estre reserve, car c'est a nostre perdition. Et de faict que gagnerons - nous quand nous aurons abuse les hommes, et que nous aurons este estimez tout autres que nous ne sommes? Bref quand nous aurons este comme des idoles, quelle en sera l'issue, sinon a nostre confusion et ruine? Puis qu'ainsi est donc apprenons d'estre couchez et abatus tout plats a terre pour estre bien ferme en nostre Dieu. Et pour ce faire, que nous apprenions de le magnifier luy seul. Et cependant s'il luy plaist de nous eslever, que nous ne laissions pas de tousiours nous tenir comme bridez en sobriete et modestie, scachans que nous n'avons rien qui nous soit propre, et que ce que Dieu nous a donne, il faut qu'il nous le garde de minute en minute: et que nous tenons tellement tout de luy que nous luy en voulons faire sacrifice et offrande, taschant de nous employer selon la mesure de grace que nous avons receue de servir a nos prochains. Et cependant que la louange en soit rendue a celuy auquel elle appartient. Voila en somme ce que nous avons a retenir de ce passage. Or vray est qu'il est difficile de nous amener a ceste raison. Et de faict nous voyons auiourd'huy les grans combats qui sont du franc arbitre, des vertus humaines, comme si chacun se pouvoit avancer, si chacun pouvoit accepter la grace de Dieu, et par ce moyen meriter. Or tout cela procede de ce que les nommes sont preoccupez de cest